Le verdict est tombé : le quota français 2024 de lieu jaune chute à 546 tonnes (zone Ouest-Irlande, mer Celtique et Manche), une baisse de 87 % par rapport à 2023 et une perte de volume considérable pour la filière aval. En 2022, d’après France AgriMer, les principales criées de débarquement étaient Audierne (18,4 % des volumes), puis Lorient (10,9 %) et Concarneau (10,4 %). Mais c’est au Conquet, sur la pointe de Saint-Mathieu, dans le Finistère nord, que la gronde des pêcheurs se faisait entendre en décembre. Lors d’un débat organisé à Lorient (lire p. 31 de PDM 223), Charles Braine, président de l’association Pleine Mer, alertait sur le cas du lieu jaune quant à la répartition du quota : « Les droits de pêche sont répartis selon les antériorités au sein des organisations de producteurs, détaille-t-il. Dans le cas du lieu jaune, où le quota baisse, la priorité sera donnée aux pêcheurs adhérents des OP, et ceux en dehors n’auront pas de quota. » L’association des Ligneurs de la pointe de Bretagne regroupe quelque 250 pêcheurs travaillant sur des navires peu polyvalents de moins de 12 mètres, hors OP et ne bénéficiant pas de ce système des antériorités. En décembre, alors que la fermeture du quota de lieu jaune était recommandée par le Ciem*, l’association demandait une dérogation pour exploiter cette espèce très importante dans son modèle économique. Elle notait d’ailleurs que seule la moitié du quota 2023 avait été pêchée, et ce pour un tiers par des ligneurs. Autre demande, en plus de cette dérogation : une augmentation de la taille minimale de capture à 40 centimètres, contre 30 aujourd’hui, et une période de repos biologique du 1er février au 15 mars, alors que les pêcheurs des Ligneurs de la pointe de Bretagne arrêtent déjà la pêche du 15 février au 15 mars. Pour Ken Kawahara, de l’association, « la vraie interrogation, c’est l’efficacité réelle de ces mesures ».
Vincent SCHUMENG
*Comité international pour l’exploration de la mer