Têtes de gondole et queues de poisson, à quelle enseigne se fier pour acheter son poisson ?, tel est le titre retenu par Bloom pour promouvoir son classement des supermarchés français. Un outil utilisé dans divers pays par Greenpeace pour faire pression sur les politiques d’approvisionnement des enseignes.
En France, faute de réponses de la part des GMS, Greenpeace avait choisi de ne pas rendre public son classement. Bloom prend le relais, avec la volonté très nette de faire un focus sur les espèces de grand fond. « C’est un sujet qui est prioritaire, affiche Claire Nouvian, directrice de Bloom. Comme le thon rouge, elles ont valeur de symbole. »
Dès lors, la notation attribuée pour la politique de commercialisation des espèces de grand fond par les enseignes compte pour les 2/3 de la note finale. Le tiers restant prend en compte l’engagement général en matière de pêche durable dans le frais, la collaboration de l’enseigne avec les parties civiles (ONG, scientifiques…) et la politique de communication ou d’information de l’enseigne.
Bloom joue la transparence sur son parti pris, sauf dans le titre de l’étude. Or, à regarder les statistiques FranceAgriMer/KantarWorldpanel, les espèces de grand fond (lingue bleue ou julienne, grenadier, sabre noir…) pèsent moins de 5 % des volumes de poissons frais vendus. Au regard des produits aquatiques en général, coquillages et crustacés compris, ce chiffre descend à moins de 3 % dans l’univers du frais et à moins de 1 % tout rayon confondu.
Et si l’association évoque le manque de moyens pour aller plus loin, on peut comprendre que des enseignes aient refusé de collaborer à un classement qu’elles peuvent juger partial et biaisé. L’absence de collaboration entraînant une pénalité, c’est une spirale infernale.
Toutes ces raisons ont amené PdM à ne pas publier ce classement dont l’impact sur l’opinion publique est à ne pas négliger, alors même que le sujet des grands fonds est complexe.
C. ASTRUC