Consommation et risque santé face aux pollutions

Le 17/05/2017 à 11:01 par La Rédaction

 

fois
par semaine, c’est la fréquence à laquelle il faut consommer du poisson selon l’Anses, dont un poisson gras

100 000 molécules auraient été synthétisées et relâchées par l’homme dans l’environnement.

3 000 nouvelles molécules seraient synthétisées par l’homme chaque année.

 

Les débats sur les risques liés à la consommation de produits de la mer, à la présence de mercure et de contaminants sont récurrents. 42 % du panel de 3 000 Européens interrogés par l’Union européenne avoue être préoccupé par les conséquences santé de la présence de métaux lourds, de résidus de plastiques et de perturbateurs endocriniens dans les produits de la mer. Si 72 % du panel continue de penser que les bienfaits nutritionnels sont supérieurs aux risques, l’Union européenne préfère anticiper et éviter une chute de la consommation.

C’est l’enjeu du projet EC Safe Seafood, dont les premiers travaux ont été publiés en janvier 2017. Les scientifiques impliqués ont récolté de nombreuses données afin d’établir un bilan des contaminations dans les produits de la mer, en se concentrant d’abord sur les substances émergentes, encore non réglementées et moins souvent évoquées que le méthylmercure ou les PCB.

Au fil des ans, le système de surveillance et de contrôle a évolué, en témoigne le Réseau d’observation de la contamination chimique du milieu marin (Rocch) qui évalue les teneurs de 45 substances dites prioritaires dans les chairs de moules et d’huîtres, des espèces sentinelles de l’environnement. Reconnues nocives pour l’homme, ces 45 molécules sont surveillées et réglementées, voire interdites, au niveau européen depuis l’année 2000, année d’adoption de la directive-cadre sur l’eau (DCE).

Malheureusement, la liste ne prend pas en compte un nombre important de substances chimiques apparues depuis dans l’environnement. Mal identifiés, non réglementés, ces contaminants sont autant de défis pour les scientifiques. À commencer par les pesticides : « Comme nombre de nouvelles molécules, les pesticides sont solubles dans le milieu. Cela rend la prise de mesures très compliquée », détaille Jean-François Chiffoleau, chercheur biogéochimiste à l’Ifremer de Nantes et ancien coordinateur du Rocch. Le travail de recherche est donc indispensable, autant pour acquérir des méthodes de détection fiables que pour mieux comprendre les effets potentiellement néfastes de ces nouvelles molécules. Ce sont les premiers pas vers la mise en place de systèmes de contrôle efficaces, tant pour protéger les consommateurs des risques sanitaires que les acteurs de la filière des conséquences économiques. Elles pourraient être lourdes si les agences nationales de sécurité sanitaire de l’alimentation ne prônaient plus la consommation deux fois par semaine de produits de la mer, ou stigmatisaient une espèce.

D’une espèce à l’autre, les concentrations des divers contaminants peuvent être très différentes. Notamment pour les poissons sauvages, dont le milieu n’est pas contrôlé. Quatre nouvelles méthodes de détection rapide des niveaux de perturbateurs endocriniens ont été mises au point (1) pour aider les transformateurs à prévenir les risques d’un lot. Car il ne faudrait pas croire que les concentrations de contaminants diminuent avec la chaleur ou la transformation. Au contraire, dans les aliments cuits, les concentrations peuvent augmenter, comme c’est le cas pour les perturbateurs endocriniens dans les moules, les maquereaux ou la lotte, mais pas pour le thon ou la sole (2). Tout dépend des espèces et des contaminants.

Margaux GAUBERT

(1) et (2) Industry Guide et Consumer Guide -
EC Safe Seafood - janvier 2017

 

[Le point de vue de Bruno Le Bizec, responsable du Laberca]

/tl_files/_media/redaction/1-Actualites/Entreprises/2017/2017-05/Lebizec.png« Au sein du Laboratoire d’étude des résidus et contaminants dans les aliments (Laberca), nous contrôlons le niveau des contaminants dans les produits de la mer, tels que vendus sur les étals ou tels que consommés à domicile. Poissons, crustacés, mollusques, sauvages ou d’élevage, nous sommes fidèles aux assiettes des Français. Au niveau européen, la réglementation est homogène pour ce qui concerne les polluants organiques persistants. Des niveaux limites de concentration ont été définis. Après, chaque État membre définit ses recommandations de consommation auprès de la population. Si certains pays, comme la Suède, ont obtenu des dérogations pour des espèces pêchées en mer Baltique, l’information sur les risques auprès des consommateurs a été renforcée. D’une manière générale, les concentrations de contaminant autorisées n’ont eu de cesse d’être abaissées. Cela s’est fait dans le temps, pour laisser la possibilité aux pêcheurs et acteurs de la filière de s’adapter tout en protégeant le consommateur.
Mais de plus en plus, au sein du laboratoire, nous travaillons sur les contaminants émergents comme les retardateurs de flamme bromés, les composés perfluorés, pour voir comment ils se stockent dans les différentes espèces, selon les zones géographiques… L’objectif est de fournir des données pour déterminer, à terme, les seuils de protection pour le consommateur. Nous travaillons avec l’Anses et la DGAL. »

 

 

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