Controverses sur la saisonnalité du bar

Le 15/03/2018 à 10:20 par La Rédaction

 

La pêche du bar sur frayère en hiver soulève une opposition croissante. Le groupe Mericq s’aligne sur la décision de plusieurs enseignes telles qu’Auchan, Carrefour ou Leclerc à travers sa centrale Scap-Marée, de ne plus commercialiser de bar de chalut durant la période de frai. Mericq s’engage, en février et mars, à ne commercialiser que du bar de ligne, du loup de Méditerranée ou du bar d’élevage. « La pêche à la ligne est une pêche sélective bien adaptée à la période de frai et les loups de Méditerranée proviennent de petits métiers, respectueux du cycle de reproduction du poisson », souligne le communiqué du groupe familial de mareyage.

Interrogée sur l’impact d’une telle décision à la première vente, la direction de Mericq tient à préciser que « ce n’est pas sans conséquence sur notre activité mais c’est une décision pour l’avenir. Même si c’est progressif, il faut faire bouger les lignes. Au sujet du prix du bar en criées, bien que nous soyons un acteur important, notre décision n’est pas à l’origine de la baisse. Il y a une prise de conscience collective sur cette espèce, notamment du côté des consommateurs ».

En suspendant leurs achats de bar sauvage à cette période, les distributeurs contribuent à la chute des cours sous criées surtout lors des pics de bar de chalut, comme fin janvier cette année. Auchan va même plus loin que Mericq en s’abstenant d’acheter du bar sauvage de décembre à mars, ce, depuis dix ans. De son côté, la Scap-Marée s’abstient de janvier à juin.

La Plateforme petite pêche rappelle que « la pêche intensive, surtout dans le cas du bar, se fait au détriment de toute une flottille qui le pêche en faible quantité mais tout au long de l’année, à l’exception de sa période de frai ». D’où sa demande de moratoire en février-mars, comme celui appliqué depuis 2015 en Manche et en mer du Nord. Les pêcheurs plaisanciers sont également remontés, lançant des appels au boycott.

En réponse, le conseil spécialisé pêche de FranceAgriMer, interpellé par les représentants de la filière déplorant des menaces et intimidations, a adressé un message de solidarité aux professionnels de la production et de la commercialisation du bar. FranceAgriMer rappelle les efforts consentis par les pêcheurs aux côtés des scientifiques pour améliorer la connaissance de l’espèce.

L’encadrement de la pêche est strict au nord du 48e. Les métiers de l’hameçon disposent de 5 tonnes maximum d’avril à janvier, excepté en février et mars. Fileyeurs et chalutiers sont sous moratoire avec des limitations de prises accessoires. La taille minimale du bar est de 42 cm. L’encadrement passe aussi par des licences. Côté plaisance, la remise à l’eau des prises (no kill) est de rigueur.

Au sud du 48e, l’encadrement passe aussi par des licences, une taille minimale de 38 cm et un plafond de captures de 2 240 tonnes, en baisse de 10 % par rapport à 2017 suite aux recommandations du Ciem. Des limites de captures par quinzaine s’appliquent par métier, ainsi que des limites annuelles par catégorie de licences. Ces limites diminuent aussi cette année. Enfin, chaque plaisancier a droit à trois bars par jour.

Bruno VAUDOUR

 

 

Bar de pêche capturé par la France

Entre 2 000 et 3 000 t depuis 2000,
ce qui place la France
au premier rang européen.

 

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Technique la plus productive sur frayère
mais aussi la plus controversée, le chalut pélagique pèse cependant moins de 10 %
des débarquements dans les ports atlantiques. Les scientifiques estiment qu'une pêche bien encadrée sur frayère est durable sur un stock
non menacé. Est-ce le cas du bar en zone sud ?

 

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L’impact du pic d’apport fin janvier face
à une demande réduite des enseignes
est immédiat sur les cours à la première vente.

 

 

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