La Chine, un continent d’opportunités

Le 19/05/2017 à 11:00 par La Rédaction

 

Gorgan Nikolik,

Responsable  de la Rabobank

 

 

Avec près d'1,4 milliard d’habitants, la Chine accueille près de 20 % de la population mondiale et apprécie fortement les produits de la mer, considérés comme des produits de luxe. « Plus le niveau de vie s’élève, plus la consommation de produits de la mer grimpe. Entre un ménage CSP+ et un ménage CSP-, la part des revenus consacrés à l’achat de produits aquatiques augmente de 3 % », rappelait Asbjørn Warvick Rørtveit, directeur des marchés au sein du Norwegian Seafood Council, à l’occasion du North Atlantic Seafood Forum 2017. Or, avec une croissance du PIB chinois de 10 % en moyenne sur les 35 dernières années, la part de la population appartenant à la classe moyenne supérieure pourrait atteindre les 54 % en 2022 dans les villes, selon le cabinet McKinsey, contre 14 % en 2012. Une évolution dont toutes les régions de Chine profitent.

En effet, alors que la population active de la Chine n’aura de cesse de se réduire, avec le vieillissement de la population et les effets de la politique de l’enfant unique, au rythme de « 3 à 4 millions de personnes par an », précise Gorgan Nikolik, responsable au sein de la Rabobank, les salaires moyens devraient continuer de s’élever. En 2015, selon tradingeconomics.com, le salaire moyen chinois a augmenté de 8,1 %. Sur la période 2010-2015, la hausse est de 67 %.

La préférence chinoise pour les produits d’import

Or, face aux scandales alimentaires à répétition, poissons, coquillages et crustacés d’import ont toute leur chance de séduire cette classe moyenne chinoise. « Selon nos enquêtes, 90 % des Chinois CSP+ font plus confiance aux entreprises agroalimentaires étrangères qu’aux leurs. Ils craignent à 90 % la pollution des matières premières chinoises », relève Asbjørn Warvick Rørtveit. Tant pis s’ils doivent passer aux surgelés. « Les CSP+ s’habituent aux produits surgelés jugés pratiques à utiliser et à stocker et surtout perçus par 78 % d’entre eux comme plus sûrs au niveau sanitaire que les produits frais. »

Reste la question de l’accès aux produits d’import ! Un faux problème en Chine, où l’achat en ligne de produits alimentaires y est plus que développé. Les supermarchés en ligne sont même le canal de distribution le plus fréquemment utilisé chez les CSP+. Selon la Rabobank, en 2015, les ventes de produits alimentaires via internet dépassaient les 40 milliards de dollars en Chine, contre 6 aux USA. « En 2020, les achats alimentaires en ligne pourraient atteindre 180 milliards de dollars, selon nos estimations, chiffre Gorgan Nikolik. Surtout que les investissements dans des infrastructures pour gérer la chaîne du froid connaissent une croissance exponentielle. »

Conséquences sur l’univers des poissons blancs

Pour le responsable de la Rabobank, ces changements dans la société chinoise ne seront pas sans conséquence pour les filières des poissons blancs. Les changements sont déjà perceptibles sur les poissons d’eau douce, de type tilapia ou panga. Certes, la Chine continue d’exporter ces espèces vers l’Amérique du Nord et depuis peu vers l’Afrique, mais les volumes en jeu sont en baisse alors même que les importations du Vietnam augmentent. Pour les poissons blancs sauvages, que la Chine importait pour les réexpédier une fois transformés, import et export diminuent. Le secteur de la transformation de produits de la mer ralentit tant, avec le renchérissement du coût du travail, que la Chine est devenue moins compétitive. La transformation se relocalise dans les pays producteurs ou s’oriente vers d’autres pays, ceux de l’Asie du Sud-Est, mais aussi ceux d’Afrique. Spécialisée dans la transformation du merlu, la société namibienne Seawork se montrait intéressée à se diversifier sur d’autres espèces pour rentabiliser ses investissements en surgelés et dans la formation des fileteurs.

Céline ASTRUC

 

Une dynamique qui n’est pas sans conséquence sur l’univers des poissons blancs.

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Aujourd’hui, la consommation de produits
de la meren Chine est trois fois plus importante
que celle
de l’Europe. En 2025, ce sera
quatre fois plus selon la Rabobank.

  Alors que les importations chinoises de poissons blancs sauvages (colin, lieu, cabillaud...) tendent
à se réduire au même titre que les exportations, les importations de poissons d’eau douce, tilapias et pangas en tête, progressent rapidement, malgré
la baisse des exportations chinoises. Signe que la consommation intérieure augmente.
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