La farine d’insectes fait mouche

Le 24/05/2017 à 10:31 par La Rédaction

 

À compter du 1er juillet, la farine d’insectes pourra entrer dans l’alimentation des poissons. Il est vrai que la pêche à la mouche rappelle à quel point les insectes sont la proie naturelle des salmonidés, contraints d’avaler du végétal en mode élevage. Riche en protéines (plus de 70 %), la farine d’insectes a aussi l’atout d’une bonne digestibilité et les tests réalisés confirment les performances de croissance et d’indice de consommation.

Le feu vert de l’Union européenne offre un énorme débouché aux pionniers de la production d’insectes. À commencer par la France où deux jeunes entreprises, très suivies par les fabricants d’aliments aquacoles, proposent de la farine d’insectes.

Ynsect a inauguré Ynsite, son unité de démonstration à Dole (Jura). Sa capacité est de plusieurs centaines de tonnes de farine produite à partir du ver de farine (Tenebrio molitor). C’est la dernière étape de validation technologique d’un process très automatisé vu les gros volumes de protéines requis. « L’ouverture du marché de l’aquaculture va de pair avec de nouvelles entrées de fonds qui permettent de lancer l’ingénierie puis les travaux d’une usine de 25 000 tonnes de capacité, opérationnelle en 2019 », précise Antoine Hubert, président d’Ynsect.

À Gouzeaucourt près de Cambrai, InnovaFeed va investir 3 millions d’euros dans un site de production de farine protéinée à partir de la mouche soldat Hermetia illucens. Le démarrage prévu cet été permettra de produire suffisamment de farine d’insectes pour mettre sur le marché français environ 10 000 tonnes d’aliment formulé, en année pleine. « Le gisement de coproduits issus de l’amidonnerie et de l’industrie sucrière du nord-est de la France est le plus grand d’Europe. D’où l’intérêt de transformer sur place cette matière première, qui manque de débouchés locaux, en protéine d’insectes, source de valeur ajoutée et d’emplois non délocalisables. La boucle est complète puisque le substrat digéré par les insectes peut fertiliser la terre sous la forme d’engrais organique », explique Guillaume Gras, un des fondateurs de l’entreprise dont le siège est au Génopole d’Évry (Essonne).

C’est là qu’InnovaFeed a mis au point sa technologie, tant pour alimenter les larves de mouches que pour sélectionner la souche de reproducteur et optimiser la fécondité. En effet, la productivité de l’élevage d’insectes et les économies d’échelle réalisées sur la production de farine sont déterminantes dans le prix final de la protéine. « Tous nos efforts de R & D ont pour but de réduire nos coûts afin d’être compétitifs avec les autres sources de protéines dont celles de poisson. Plusieurs éleveurs de truites et leurs fabricants d’aliments respectifs collaborent avec InnovaFeed pour mettre au point la formulation et être les premiers à utiliser ce nouvel aliment. Ils ont immédiatement vu qu’un aliment à base d’insectes correspond au régime sauvage de la truite. Cela répond aux attentes de développement durable du consommateur », explique Guillaume Gras. 

 

 

Retrouvez notre dossier complet : L’aquaculture demain : Mille et une attentes à satisfaire

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