William Doucet et Kevin Bauduin sont employés de la pisciculture de Meilh Jandrig installée à Saint-Ségal dans le centre-Finistère. L’entreprise s’est spécialisée dans les truites arc-en-ciel de gros calibre allant de 2,5 à 3 kg. La fierté se lit sur le visage des deux hommes. Leurs jolis spécimens sont le fruit de deux bonnes années de travail sous la responsabilité de Jean-Yves L’Haridon, un expert reconnu du métier.

Meilh Jandrig a été construite en 1971. Elle appartient depuis 2004 à Patrice Morvan et Hervé Ladurée, président du Syndicat de la truite d’élevage bretonne, deux associés de la « SAS La Source » qui exploite trois autres élevages, dont deux situés en Seine-Maritime.

L’élevage en eau douce du salmonidé a le vent en poupe. Alors que le saumon voit ses prix flamber, la truite calibre XL, origine France, est plus que prisée des fumeurs français.

Mais si le marché est porteur, l’activité subit en Bretagne de fortes contraintes.

Ainsi, l’élevage de Saint-Ségal est alimenté par l’eau de la rivière Douffine, dont le débit baisse fortement en été, comme dans tous les cours d’eau bretons. Il faut alors réduire la biomasse permanente – c’est-à-dire celle de toutes les classes d’âge présentes dans les bassins – de 150 à 100 tonnes environ pour satisfaire aux normes d’épuration.

Mai et juin sont logiquement des mois de fortes pêches et de commercialisation active. Bretagne truite en est chargée.
Quant aux truites qui nageront encore dans les bassins… Eh bien elles seront mises au régime pour réduire leurs rejets, et maigriront jusqu’à la reprise de septembre.

Meilh Jandrig a l’autorisation de produire 320 tonnes par an. Un seuil atteint presque tous les ans. Les propriétaires envisagent d’introduire des systèmes d’épuration plus évolués, comme la biofiltration, qui pourraient leur permettre d’augmenter raisonnablement leur production. Ils s’intéressent aussi aux projets avancés d’élevage en recirculation d’eau, privilégiés par les pouvoirs publics.