Ici, la terre est plate

Le 20/09/2016 à 11:36 par La Rédaction

 

Des 130 noms présents sur la carte des années 50 de la rivière Crac’h, il ne subsiste qu’à peine une vingtaine d’exploitants ostréicoles en 2016. Ce panneau historique ne manque pas d’interpeller les visiteurs du chantier du Luffang, à quelques kilomètres du port de La Trinité- sur-mer. Renan Henry ne se lasse pas d’expliquer aux estivants les joies et malheurs de son métier d’ostréiculteur. Avec son aîné Pascal, Renan, 46 ans, le plus jeune des trois frères Henry, mène l’entreprise familiale depuis 1992, associé à sa femme Katia.

Des portraits géants des aïeuls, tels l’arrière-grand-père Henry, posant près des tuiles chaulées, décorent la salle de dégustation, transformée en atelier d’expédition en fin d’année. Si son siège historique reste à Saint-Philibert, c’est bien au Luffang que l’entreprise a créé, depuis 2014, cette formidable vitrine commerciale. Celui qui a secoué le cocotier en 2010, en créant le comité de survie de l’ostréiculture, en pleine crise des mortalités, n’a rien d’un fataliste. Il a investi un bon million d’euros pour racheter et rénover le chantier de Rémy Leport, parti en retraite. Soit une surface de 2,5 ha, dont 800 m2 de viviers couverts.

Jusqu’à la fin des années 70, le secteur du Crac’h produisait de l’Ostrea edulis, l’huître plate ancestrale. Après, comme tout le monde, les Henry sont repartis sur la creuse… jusqu’en 1995. En association avec des Cancalais, ils misent alors sur une relance de la plate. Avec une production annuelle variant de 50 à 500 tonnes, selon le captage en baie de Quiberon et les mortalités de l’élevage, le pari demeure toujours risqué sur les 105 ha de concessions en mer à Cancale. Les 100 à 200 tonnes de creuses, captées en baie de Quiberon, prégrossies en rade de Brest, peuvent rester la production principale, selon les aléas. « Nous, producteurs de plate, faisons un travail d’utilité publique. Sans notre acharnement, l’espèce aurait disparu » revendique Renan Henry, toujours président du syndicat ostréicole local. Connu comme le loup blanc qui « gueule fort » par l’administration, il porte depuis l’hiver dernier un nouveau combat : permettre à un groupement d’ostréiculteurs morbihannais d’orchestrer des dégustations jugées hors la loi, depuis l’arrêté préfectoral de mi-2015. « De quelle loi parle-t-on ? », interroge celui qui ne lâche jamais rien.

Texte et photos : Lionel FLAGEUL

 

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