4 QUESTIONS À ANDRÉ ABADIE, DIRIGEANT DE LA SOCIÉTÉ MÉRICQ

Le 29/01/2014 à 15:41 par La Rédaction

Acteur du négoce de produits de la mer à ses origines, la société Méricq a ajouté au fil des vingt dernières années plusieurs cordes à son arc. Mareyeur, transformateur, négociant, la société dirigée par André Abadie explore, teste, souvent avec succès, de nouveaux projets et concepts : boutique, drive, restaurant, fabrication de sushis, de brochettes, de brandades…

1. En 10 ans, le chiffre d’affaires de Méricq a quadruplé, au fur et à mesure que vous investissiez dans le mareyage, la transformation et la distribution. Pensez-vous qu’il est plus facile pour un acteur intégré verticalement dans la filière de résister quand les temps sont difficiles ?

2. En avez-vous d’autres sur le feu ?

3. Investir dans l’amont de la filière ne vous tente pas, certains mareyeurs l’ont fait ?

4. Un défi à relever pour 2014 ?

INTERVIEW

Question 1. En 10 ans, le chiffre d’affaires de Méricq a quadruplé, au fur et à mesure que vous investissiez dans le mareyage, la transformation et la distribution. Pensez-vous qu’il est plus facile pour un acteur intégré verticalement dans la filière de résister quand les temps sont difficiles ?

Je ne suis pas sûr de pouvoir dire que la croissance de Méricq ait été aussi réfléchie et planifiée que ce que vous dites. J’ai plutôt le sentiment d’avoir saisi des opportunités parce que j’aime entreprendre. Surtout, je suis convaincu que rester figé dans un environnement mobile finit par rendre les choses plus compliquées. Faire tourner une machine à 160 M€ implique d’investir pour maintenir les emplois créés, il faut donc toujours se remettre en question. C’est une forme de responsabilité et de solidarité avec les hommes et les femmes qui ont permis à l’entreprise de grandir.
Prenez l’exemple de notre relation avec les grandes surfaces. Pendant longtemps, nous avons réalisé 74 % de notre chiffre d’affaires en vendant à leurs rayons traditionnels. Nous avons investi dans des structures de livraison pour répondre à leurs besoins… mais, avec le temps, ces rayons ont effectué leurs achats auprès des centrales. C’est finalement en s’adaptant à cette donnée, avec le souci de conserver la structure de livraison créée, que nous avons attaqué le marché de la restauration.
Les activités de transformation de Méricq innovation vont un peu de pair avec les boutiques. Nos productions, parfois marginales – 48 tonnes de saumon fumé, 29 tonnes de brochettes et un début de production de sushi –, y trouvent des débouchés. Mais qu’il s’agisse du drive ou du restaurant, avec la Cantine du pêcheur, les projets prennent vie, moins par logique industrielle que par l’envie d’essayer un concept à la mode, le drive, ou parce que l’on se dit que, dans la région, un restaurant de poisson manque et que l’on trouve les bonnes personnes pour aller jusqu’au bout du projet.

Question 2. En avez-vous d’autres sur le feu ?

Au cours des dernières années, nous avons beaucoup investi dans nos structures existantes ou des opérations de croissance externe pour développer le négoce, le mareyage, la logistique… Le dernier investissement en date va bientôt voir le jour : il s’agit de viviers où nous pensons pouvoir stocker près de 3 tonnes de crustacés. Il va falloir en développer les ventes. En 2014, priorité sera accordée à l’optimisation des structures existantes. Déjà, en début d’année, nous avons filialisé Méricq logistique. Ce service est crucial pour répondre aux attentes des clients. Et même si la logistique est pénalisante pour les marges, je reste convaincu qu’un service de qualité s’avérera payant à terme.
Mais, surtout, les opportunités de croissance externe dans le mareyage sont faibles aujourd’hui. S’il devait y en avoir, ce serait plutôt dans le négoce.

Question 3. Investir dans l’amont de la filière ne vous tente pas, certains mareyeurs l’ont fait ?

La pêche est pour moi un métier vraiment très différent. Cela dit, en tant que mareyeur, nous devons être solidaires des pêcheurs. Et si l’impact commercial n’est pas encore très visible, je trouve la démarche de Pavillon France particulièrement intéressante. Sur les 22 000 tonnes de produits de la mer que nous travaillons ou vendons, la moitié provient de la pêche ou de l’aquaculture française. Nous essayons d’acheter de plus en plus de poissons de nos côtes. Nous avons même tenté de développer une offre de surgelés de qualité sur des espèces comme la sole. Ce n’est pas une grande réussite en France, mais nous pourrions tenter l’export pour amortir notre investissement dans les cellules de congélation. Nous nous adaptons !

Question 4. Un défi à relever pour 2014 ?

Faire face à la fluctuation des cours de matières premières. Il est quasiment impossible d’avoir une visibilité sur les prix du saumon et de crevette, même à moyen terme. Pour assurer une certaine stabilité à l’activité, il devient nécessaire d’amortir les chocs des hausses brutales. D’autant que le pouvoir d’achat des consommateurs a vraiment baissé. Pour ne pas subir, il faut savoir faire le dos rond et s’adapter.

 

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