Antoine Hubert, DG d'Ynsect : « Les farines d’insectes ont un taux protéique élevé. »

Le 14/04/2016 à 10:11 par La Rédaction

Les PAT d’insectes sont interdites en aquaculture mais l’IPIFF (International Platform of Insect for Food and Feed) veut faire bouger les lignes. Cette interprofession compte 23 membres. L’un d‘entre eux, Antoine Hubert, directeur général d’Ynsect, défend une filière au potentiel prometteur.

 

PdM : En dehors du ver de farine, quels sont les autres insectes ou larves intéressants à produire ?

Antoine Hubert : A priori, la mouche soldat, le petit ténébrion et au moins deux espèces de grillons. Tous ont des cycles rapides de croissance, une bonne fertilité et des taux de protéines élevés.

L’huile d’insecte est autorisée, quelle est sa teneur en oméga 3 et 6 ?

Ses teneurs en oméga 3 sont presque nulles, sauf si les insectes sont nourris avec des substrats enrichis comme des co-produits d’algues. En revanche, les teneurs en oméga 6 sont élevées, avec par exemple 1/3 de l’ensemble des lipides chez le ver de farine (Tenebrio molitor).

À propos d’Ynsect, quel sera le potentiel de production du démonstrateur installé à Dole (Jura) ?

Environ une tonne de farine par jour, c’est suffisant pour des marchés super-premium du petfood. Si tout se passe bien, nous pourrions passer à plusieurs dizaines de tonnes par jour pour répondre aux besoins de l’aquaculture. Créée en 2010 avec quatre associés, Ynsect a levé 14 M€ depuis février 2014.

Pouvez-vous résumer les étapes de production ?

Les insectes sont élevés sur un substrat uniquement végétal, à partir de matières premières collectées autour du site de production. L’élevage couvre tout le cycle : nurserie pour l’obtention des œufs et grossissement pour la production de larves récoltées à un stade donné. La transformation consiste à séparer mécaniquement des lipides après premier broyage des larves. Cela donne une pulpe qui, une fois séchée et broyée, devient une farine protéique à 70 % minimum de protéines.

En 2017, vous pensez passer à l’échelle supérieure avec une nouvelle unité. Est-ce lié à l’autorisation européenne pour l’aquaculture ?

Nous avons pour objectif de lancer une unité commerciale de grande échelle en 2017. Si la viabilité économique et commerciale de notre technologie en Europe se confirme à Dole et que la réglementation européenne s’ouvre pour le marché de l’aquaculture, nous pourrons lancer cette construction en France ou en Europe. Sans feu vert réglementaire d’ici là en Europe, nous serions alors dans l’obligation d’aller dans une zone plus ouverte à la commercialisation des farines d’insectes. En Asie du sud-est, la production de crevettes est très consommatrice de farine de poisson et c’est le produit cible que nous visons à remplacer, du moins en partie.

 

Retrouvez notre dossier : Que mangeront demain les poissons d'élevage ?

 

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