Dimitri Rogoff : l’agitateur de consciences

Le 20/12/2016 à 15:09 par La Rédaction

 

Le colosse au feutre noir sera sur les quais de Port‑en‑Bessin pour l’ouverture de la pêche à la coquille en baie de Seine, réservée aux Français. Malgré l’abondance annoncée, l’ambiance sera sans doute lourde cette année, après la razzia britannique dans le proche extérieur au début de l’automne. À 56 ans, Dimitri Rogoff est artisan patron pêcheur néo‑retraité, depuis 2015.

Après 30 ans de carrière en mer, il avait dès 2014 cédé à son second le Sauvage, son coquillard fileyeur de 13 m. Objectif, se consacrer mieux à sa famille, sacrée, et à ses multiples mandats d’élu. À peine sorti du siège de Normandie fraîcheur mer, qu’il préside depuis 2003, il file en Manche présider la commission coquille du Comité régional des pêches de Basse‑Normandie.

Sa personnalité fantasque et son parcours détonnent, lui, le « horsin » (l’étranger) de Bayeux, petit-fils d’un russe rouge réfugié à Caen en 1918. Père au foyer à 23 ans, après des études d’architecture, il a le profil d’un extraterrestre quand il embarque matelot sur un côtier en 1984. Moniteur de plongée sous-marine, la mer et la pêche l’attirent et le passionnent. Il retape lui-même son premier bateau, et le voilà patron d’un modeste 9 m en 1988. Il travaille la coquille et la sole au trémail et rapidement plaide, parfois seul dans le désert, pour une stricte gestion des ressources. À commencer par celle de l’or normand, le Pecten maximus, qui va rester son cheval de bataille principal. Dimitri opte pour la qualité et la valorisation, la sélectivité, pour l’attention au consommateur, à l’équipage, tout en fustigeant les comportements de hooligans en mer. Des notions fondamentales, jugées audacieuses alors !

En pleine crise de la pêche, en 1993, il investit dans un 13 m, où sa réussite économique et sa légitimité se confirment, alors que le chalut au large portais s’effondre. Pionnier du web, dès 1999, son site Finemaree.com élargit son audience, mais cristallise les passions. Sans tabou, Dimitri, adulé ou honni, y poste des billets provocateurs. Sur un autre blog, Rogoff.fr, Dimitri se révèle sous un autre jour : épicurien, assagi. Le client qu’affectionnent les médias pour promouvoir les produits de la mer normands. Dans ce rôle-titre, il fait merveille, et consensus !

Texte et photos : Lionel FLAGEUL

 

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