« Soutenir les cours en criées, c’est assurer le maintien des débarques en France. »

Le 02/03/2017 à 17:22 par La Rédaction

 

Premier armement à la pêche fraîche français, second mareyeur de France et second distributeur de produits de la mer frais, le groupement Intermarché est aussi l’un des rares acteurs intégrés de la filière mer dans l’Hexagone.
Une position qui inquiète parfois le mareyage français, dans un moment où l’accès à la matière première est plus que jamais stratégique. Rencontre avec Sylvain Pruvost et Bertrand Vigouroux, représentants de la filière mer des Mousquetaires.

 

 

Sommaire :

1- En tant qu’acteur intégré dans la filière, vous avez un accès privilégié aux quotas. Cela inquiète forcément une partie de ceux qui dépendent des volumes mis aux enchères en criées. En 2016, la Scapêche a débarqué 17 000 tonnes de produits de la mer. Quelle part alimente vos usines ?

2- La logique est donc d'investir dans de nouveaux bateaux plutôt que d’acheter des armements pour atteindre les 20 000 tonnes de débarquement que vous visez ?

3- En même temps, dans la filière, le mareyage semble plus fragile aujourd’hui que la pêche.

4- Encore faut-il qu’ils puissent revendre après, tout en conservant des marges. Dans un contexte de guerre des prix, on peut comprendre les réticences.

5- Mais c’est dangereux pour la filière et les mareyeurs !

6- D’accord pour le saumon, mais pas pour la marée ?

7- Mais in fine, les Français acceptent-ils de payer plus cher ?

8- En faisant du dos ?

9- Quid du libre-service ?

10- Allez vous tenter le skin, les hautes pressions ?

 

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Sylvain Pruvost
Scapêche

Président de la Scapêche depuis 2014  est adhérent de l’Intermarché de Bresles, dans l’Oise. Il fait partie des administrateurs de la filière mer.

PdM : En tant qu’acteur intégré dans la filière, vous avez un accès privilégié aux quotas. Cela inquiète forcément une partie de ceux qui dépendent des volumes mis aux enchères en criées. En 2016, la Scapêche a débarqué 17 000 tonnes de produits de la mer. Quelle part alimente vos usines ?

Sylvain Pruvost : Petit rappel pour démarrer. La Scapêche n’est pas propriétaire de quotas. Les organisations de producteurs les répartissent en fonction des antériorités de pêche de chacun, par espèce et zone de pêche, à leurs adhérents.
Sinon, la part de nos captures utilisée par les usines Houat équivaut à la moitié des tonnages. L’autre moitié est mise aux enchères dans les criées françaises.
Mais les apports de la Scapêche ne satisfont que 60 % des besoins des usines de Lanester ou de Boulogne. Cela peut difficilement monter : la demande des marchés ne coïncide pas toujours avec les volumes débarqués. Et puis, nous n’avons pas la volonté d’utiliser l’intégralité de nos captures.
Comme les autres mareyeurs, nous devons nouer des partenariats avec le monde de la pêche. Nous comprenons l’inquiétude du secteur. Le poisson se fait rare sous les criées. Or, sans poisson, il n'y a pas de mareyeurs. Dans les années 1980, 100 000 tonnes passaient sous la criée de Lorient, aujourd’hui c’est 26 000 tonnes, dont 10 000 apportées par la Scapêche. Les sorties de flottes et les quotas en diminution n’expliquent pas tout. Une partie de la pêche française échappe aux criées. Elle est débarquée ailleurs, là où les cours peuvent être plus attractifs pour les armements.
Or, au sein du groupement, nous avons la volonté de débarquer et de vendre en France pour que les quotas français n’échappent pas au marché. Ce n’est pas par volonté que nous sommes devenus le premier armement à la pêche fraîche de l’Hexagone, mais plutôt parce qu’il n’y a plus grand monde.

Bertrand Vigouroux : Sécuriser et disposer d’une indépendance en matière d’approvisionnement est une vision de longue date au sein des Mousquetaires. Dans la pêche, cela fait 20 ans que nous nous sommes engagés dans l’amont. Il y a là un véritable enjeu. Car si nous ne gardons pas les bateaux en France, avec des capitaux français, nous risquons de voir les quotas alloués à la France débarquer ailleurs.
S. P. : Les étrangers qui investissent dans les armements français n’ont pas autant d’intérêts que nous à capitaliser sur les ports français. C’est pour cela que, dans le cadre de notre plan de progrès, nous allons continuer à investir dans l’aide à l’installation des pêcheurs. En Bretagne, en Aquitaine ou à Boulogne, nous travaillons sur des dossiers de partenariats comme celui de la Scopale. Concrètement, il s’agit de cofinancer de nouveaux bateaux polyvalents, adaptés à une pêche de saison, peu énergivores, ergonomes et dotés d’un espace de cale conséquent, tout en aidant de jeunes patrons à s’installer. Ils sont copropriétaires du bateau.
Ensuite, nous étudions la possibilité de convertir certains bateaux existants à la senne danoise, ce, en copropriété avec des artisans. La technique de pêche est reconnue pour la qualité de ses débarques.

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Retrouvez la suite de cet entretien dans notre rubrique En débat
(achat à la lecture possible pour les non abonnés)
 
Sylvain Pruvost et Bertrand Vigouroux évoquent
- les opérations mises en place en magasins pour soutenir les cours et l’importance de le faire, y compris pour le mareyage.
- La politique de mise en avant de la pêche française dans les rayons marée et le frais libre-service
- La formation des équipes ; la valorisation des coproduits.

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