Après avoir été strictement interdite en janvier, l’importation de maquereau frais baillé venant d’Écosse a été débloquée dernièrement. Quel impact sur la filière ?
L’importation de poissons frais baillés (conteneur dans un mélange eau et glace) est interdite depuis 2004. Mais une tolérance était appliquée pour les échanges intracommunautaires. Début 2022, le Brexit frappe, et cette tolérance n’a plus cours pour les flux britanniques. Impact direct : l’arrêt des importations de maquereaux frais écossais, transportés en baille. Ce type de conditionnement préserve la qualité du poisson, mais empêche l’écoulement des eaux de fonds, ce qui peut favoriser le développement de bactéries. En janvier, Pierre Commère, délégué général industrie du poisson à l’Adepale, affirme que des assortiments de conserves vont manquer. Bertrand Pasquier, acheteur à Connétable, témoigne : « On a perdu trois semaines sur deux mois de saison du maquereau écossais. Nous concernant, c’est 36 tonnes qui sont retournées en Écosse. On a dû attendre les importations irlandaises, qui suivent la saison écossaise. La conséquence très directe est la baisse de production, et la hausse du prix du maquereau irlandais, de 10 à 20 %. » Ce blocage pose également problème pour les conserves Label rouge, qui exigent du maquereau frais. Face à ce blocage, l’Adepale et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) ont trouvé une solution pour débloquer les flux, moyennant certaines contraintes : uniquement pour le maquereau et la sardine pour la conserve (et donc appertisés), moins de 72 heures de transport, et 10 % des lots contrôlés à moins de 25 % du taux d’histamine réglementaire. Des mesures adaptées pour Bertrand Pasquier : « Nous allons au-delà, on contrôle tous les lots. Tout le monde contrôle l’histamine et la température, c’est la base. Mais ces mesures arrivent trop tard, après la saison du maquereau écossais. »
À cela s’ajoutent des difficultés commerciales : négociations tarifaires âpres avec la grande distribution, demande japonaise en hausse, hausse des coûts de production (électricité, transport et carburant, acier, plastique, etc.). Pour Benoît Pasquier, une chose est sûre, « il faut s’adapter ».
Vincent SCHUMENG