Selon les mareyeurs, les deux dernières années, le coût du transport a augmenté de 30 %. Cette hausse importante, jugée injuste, est difficile à répercuter.
La flambée des prix des carburants ces derniers mois a eu un impact important sur le coût des transports pour la filière halieutique et notamment pour les mareyeurs. En effet, les variations de charges de carburant sont répercutées, à la hausse comme à la baisse, selon l’évolution du prix du carburant et mentionnées en « pied de facture ». Ce dispositif légal est connu des professionnels. En revanche, les mareyeurs déplorent des répercussions supérieures aux augmentations réelles du carburant.
« Le prix du transport routier, particulièrement important en matière de produits de la mer, a augmenté de 30 % sur les deux dernières années, avec une part importante liée au pied de facture gasoil. Or, aujourd’hui, chez certains transporteurs le niveau de la “surtaxe” est trois fois supérieur à l’augmentation réelle du coût du gasoil », regrette Aymeric Chrzan, secrétaire général du Syndicat des mareyeurs de Boulogne-sur-Mer.
Une majoration pénalisante
Il prend un exemple concret sur un trajet de 300 kilomètres – distance entre Rungis et Boulogne-sur-Mer –, avec une consommation du camion estimée à 28 litres/100 kilomètres. En novembre 2022, le surcoût lié au carburant sur ce trajet s’est selon lui élevé à environ 156,24 euros, avec un prix du gasoil à 1,86 euro au lieu de 0,86 euro (prix de référence). Or, ce même mois, certains transporteurs facturaient 0,274 euro HT/kg de poisson transporté, contre 0,20 euro HT/kg en prix de base. En admettant que le camion soit plein (10 000 kilogrammes), le surcoût facturé s’élève à 740 euros. Même semi-plein (5 000 kilomètres), le surcoût s’élèverait à 370 euros… soit bien au-dessus de la hausse calculée sur la base du carburant
Pour Aymeric Chrzan, ces pratiques concourent injustement à l’inflation des prix des produits de la mer dans un contexte déjà très tendu : « Elles pénalisent les producteurs et consommateurs. » D’autant plus que, selon les mareyeurs, les transporteurs ne tiennent pas compte d’une « remise carburant » de 15 centimes/litre hors taxes, appliquée en 2022, ni du remboursement de la taxe de carburant aux transports routiers (TICPE). « Ces quelques dizaines de centimes supplémentaires rendent la distribution du poisson frais extrêmement complexe dans certaines zones géographiques », insiste Aymeric Chrzan.
« On subit, confirme Constance Wattez directrice d’Uni-Marée, société de mareyage boulonnaise. On ne remet pas en question la qualité du service. Mais on n’arrive pas à répercuter le surcoût, ce qui signifie une perte pour le mareyeur. »
Pour le groupe Delanchy : « C’est uniquement une évolution des coûts répercutée en pied de facture. » Les autres transporteurs contactés n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Thomas Delots, spécialiste dans les achats d’énergie, via Scogal Synergies, rappelle : « Ce n’est pas simple mais on peut maîtriser son budget en négociant à moyen et long termes pour éviter les pieds de facture sans aucune justification. Il ne faut pas se priver de demander quelle est la formule de calcul du prix. »
Darianna MYSZKA