Le symbole était de trop pour la préfecture de Rennes. Une manifestation regroupant divers acteurs du monde halieutique, avec une grande majorité de pêcheurs venus de différentes régions françaises, souhaitait se rendre sur le lieu ô combien symbolique qu’est le Parlement de Bretagne. Difficile de ne pas penser à la nuit du 4 au 5 février 1994 où l'édifice avait brûlé à la suite d’une grande manifestation de marins pêcheurs… Ce 22 mars 2023, les forces de l’ordre ont contenu les protestataires, qui étaient environ 700. Débutée dans le calme, la manifestation a dégénéré sur la place de la République où canons à eau et lacrymogènes ont fait face à de nombreuses fusées de détresse. Si les manifestants étaient moins nombreux qu’annoncés (près de 2 000 étaient annoncés), leurs revendications sont en revanche multiples. Prix du gasoil et des matières premières, restrictions des zones de pêche, concurrence déloyale des navires industriels, éolien… et l’annonce des fermetures de certaines zones de pêche par le Conseil d’État il y a quelques jours, en réaction aux nombreux dauphins échoués, a fini de convaincre les indécis. « Cette manifestation était prévue depuis des mois » , fait savoir David Le Quintrec, porte-parole de la contestation et patron du fileyeur L'Izel Vor II, à Lorient. « Je suis un peu déçu de notre nombre de participants aujourd'hui mais convaincu que les difficultés de se déplacer en France actuellement y sont pour beaucoup. » Si un rendez-vous avec la préfecture avait été obtenu en fin de matinée, ses finalités n’étaient pas connues en début d’après-midi. Du côté de la rue, au moins deux blessés ont été signalés, dont un touché par une fusée de détresse.
Guy PICHARD