Le plus ancien et principal armement de pêche dans les Terres australes doit être cédé rapidement. La mise en vente de l’armement Sapmer – annoncée depuis l’ouverture, en 2021, de la procédure de sauvegarde de sa holding, Jaccar, et effective depuis le mois d’avril – tient en haleine La Réunion, dont l’entreprise est l’un des rares fleurons industriels. Seul armement français coté en Bourse, détenteur des droits de pêche sur la moitié du quota de la précieuse légine, propriétaire de 12 navires et employeur de 400 équivalents temps plein, Sapmer est bien le poids lourd que décrit le « Projet Odyssey », une note confidentielle de deux pages envoyée à de potentiels investisseurs triés sur le volet par la banque suisse UBS, elle-même créancière de Jaccar.
Entre les armements concurrents, qui espèrent une vente à la découpe pour récupérer quotas et navires, l’actuelle direction qui tente de réunir un pool d’investisseurs pour conserver la société dans son périmètre actuel et la possible entrée d’investisseurs étrangers, les pronostics vont bon train sur les quais de la Pointe-des-Galets. Et l’inquiétude des salariés est manifeste. Le document d’UBS, qui ne fait état d’aucun montant, semble privilégier, à ce stade, une vente en un seul lot. Mais d’une manière ou d’une autre, la mise en vente de l’armement qui a découvert la légine et qui vient de fêter ses 75 ans, va rebattre les cartes au sein de la pêcherie très encadrée des Terres australes. La suite de la procédure, confidentielle, devrait consister en une enchère entre les acquéreurs. Son aboutissement pourrait être rapide, avant le début de la campagne 2023-2024, le 1er septembre prochain.
Raphaël ORTSCHEIDT