Coups de coeur de l’innovation PDM 2023 : de belles surprises

Le 21/12/2023 à 10:40 par La rédaction

Espèces sortant de l’ordinaire, sourcing responsable, plaisir et praticité sont au menu du palmarès 2023 des Coups de cœur de l’innovation PDM. Découvrez les gagnants des catégories frais marée libre-service, traiteur de la mer, épicerie et surgelés.

 

Attention, roulement de tambours… fin du suspense ! Océalliance, Mussella, La Truitelle et Zalg sont les grands gagnants des prix du jury pour cette édition 2023 des Coups de cœur de l’innovation PDM. Trois produits lauréats sur quatre ont même réussi l’exploit d’être classés numéro un parmi les finalistes… chez tous nos jurés ! Autant dire que leur victoire aura été nette et sans bavure.

Que ce soit chez les lauréats ou les 20 finalistes, plusieurs tendances clés se dégagent. Des espèces peu connues (omble chevalier, truite fario, poulpe français, crevette P. esculentus, etc.) sont cette année astucieusement valorisées. Le sourcing responsable (certifications, utilisation de coproduits) et/ou local (origine France, voire régionale) est mis en avant. Les algues se retrouvent de l’apéritif à la tisane, en passant par le plat de résistance. L’accent est aussi mis sur la praticité (produits prêts à l’emploi, découpes gain de temps) et les nouveaux usages (apéritif). Les formulations sont majoritairement clean label et orientées plaisir.

Parmi les gagnants du cru 2023, la meilleure moyenne a été obtenue par Mussella, dans la catégorie traiteur. En frais marée LS, Océalliance, groupe français numéro un du mareyage, a fait carton plein avec sa gamme de poulpes marinés. Ce lancement s’inscrit dans une logique plus large de valorisation (carpaccios, tartares, poissons prêts à cuire, etc.). Dans la catégorie épicerie, La Truitelle a conquis les cœur avec ses conserves de poissons d’eau douce « rares ». Enfin, en surgelés, Zalg réussit l’exploit d’être couronné deux années de suite ! Après les Io’dés en 2022, la PME bretonne rafle de nouveau la mise en 2023.

La rédaction de PDM remercie chaleureusement l’ensemble des entreprises ayant participé au concours ainsi que les jurés pour leur regard affûté. Les gagnants se verront prochainement remettre un trophée, en mains propres ou par La Poste.

 

Les critères

La rédaction a présélectionné 20 produits finalistes, 5 pour chacune des 4 catégories : frais marée libre-service, traiteur de la mer, épicerie et surgelés. Ils ont ensuite été évalués à partir de leur fiche produit et de leur photo selon les critères suivants :
Innovation : degré d’innovation du produit dans sa catégorie, bénéfice consommateur, réflexion marketing (prix, packaging, circuit de distribution…),
aspect et culinarité.
RSE : réflexion autour de la responsabilité environnementale, sociétale, valorisation de la matière première, démarche interfilière.

 

Le jury

 

Émilie Robin – Conseillère culinaire spécialisée en industrie agroalimentaire au Centre culinaire conseil

Le Centre culinaire conseil est spécialisé dans le conseil en innovation alimentaire par les usages et la création culinaire. Il est basé à Rennes. Ses services s’adressent aux entreprises (industrie agroalimentaire, GMS, restauration collective ou commerciale) et aux collectivités. Son activité repose sur quatre piliers : explorer (aider les professionnels à pénétrer un nouveau marché), innover (optimiser une recette, prototyper), tester (comparer un produit par rapport à la concurrence), communiquer (construire un argumentaire commercial).

 

Peter Samson – Secrétaire général de l’Union du mareyage français (UMF)

 

La rédaction de PDM

Fanny Rousselin-Rousvoal, rédactrice en chef
Darianna Myszka, journaliste
Vincent Schumeng, journaliste

 

Découvrez les lauréats de l'édition 2023 !

2 questions à Émilie Robin

 

PDM – Que retenez-vous des finalistes de cette année ?

É. R. – Pêche responsable, traçabilité, valorisation de coproduits : les enjeux environnementaux sont de plus en plus mis en avant. Je note aussi que l’aquaculture est plus fortement représentée. C’est une très bonne chose car elle est souvent décriée, alors qu’elle peut être très respectueuse de l’environnement et des animaux. Il est intéressant de voir parmi les produits finalistes des poissons d’eau douce, qu’on connaît moins bien. Les conserves d’omble chevalier ou de truite fario sont super innovantes ! Les assaisonnements, eux, restent majoritairement classiques cette année. L’innovation tient plutôt à une meilleure mise en avant des produits bruts. Apporter de la praticité et du gain de temps est positif car tout le monde ne sait pas cuisiner les poissons. On constate aussi une démocratisation des algues. Leur panel d’utilisation s’étoffe et elles deviennent des ingrédients à part entière. L’infusion bleue anti-fatigue est particulièrement originale, d’autant qu’elle garde les propriétés de l’algue. Les bâtonnets panés Zalg sont accessibles même à ceux qui n’aiment pas les algues. Le fait d’avoir imaginé un produit pané donne un côté régressif, facile à dipper et qui aurait toute sa place sur une planche apéro !

 

PDM – De manière générale, comment se comporte l’innovation en cette période marquée par l’inflation ?

É. R. – En 2022, l’innovation était repartie en force, presque trop vite. Les industriels avaient perdu deux ans à cause du Covid-19 et ils voulaient les rattraper. La guerre en Ukraine et la hausse des coûts qui a suivi (matières premières, énergie, etc.) a mis un coup de frein à cette dynamique. Innover prend plusieurs années
et coûte cher. Actuellement, les gammes se resserrent. Les industriels préfèrent se concentrer sur des volumes « sûrs », quitte à légèrement retravailler les recettes. Au Centre culinaire conseil, nous accompagnons beaucoup d’industriels présents en grande distribution qui souhaitent désormais cibler les marchés de la restauration collective (scolaire, Ehpad, etc.) et commerciale. Ce changement stratégique vise à aller sur des marchés à fort volume, comme les chaînes de restauration. Mais les cahiers des charges et les attentes des clients sont très différents entre les GMS (grandes et moyennes surfaces) et la restauration. Nous les aidons donc à revoir leurs produits. En tout cas, il reste une constante, que ce soit en restauration ou en grande distribution : les gens veulent continuer à se faire plaisir !

 

Innovation, la nouvelle donne

Selon l’agence marketing IntoTheMinds, le nombre d’innovations dans le secteur alimentaire a baissé de 12,7 % dans le monde en 2022. La baisse atteint même les 23 % pour la France. Ce phénomène a plusieurs causes. Tout d’abord, les matières premières ont subi de fortes hausses de coût, consécutives à plusieurs crises (Covid-19, conflits géopolitiques, changement climatique). Ensuite, les consommateurs sont étranglés par l’inflation. Celle-ci atteint 13 % sur les 10 premiers mois de 2023, selon la FCD (Fédération du commerce et de la distribution). L’Insee a enregistré une flambée des prix alimentaires de 18,4 % en 18 mois, entre le 4 e trimestre 2021 et le 2 e trimestre 2023, quand les paniers d’achat n’ont progressé « que » de 4,2 %, en euro constant sur la même période. L’écart tient à un constat : les Français se sont serré la ceinture. « Cette chute de la consommation alimentaire n’a aucun précédent dans les données compilées par l’Insee depuis 1980 », s’est récemment alarmé François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). En juillet 2023, 37 % des consommateurs étaient en « insécurité alimentaire » en France, selon le nouvel Observatoire des vulnérabilités alimentaires de la Fondation Nestlé, contre 11 % en 2015. Ce taux flirte même avec les 50 % chez les jeunes.

Les conséquences sont plurielles. Les distributeurs ont tendance à réduire le nombre de références présentes en rayon (meilleure lisibilité pour le client, gestion des stocks facilitée, réduction des coûts de transport et de commande, moins de ruptures, etc.). Dans son plan stratégique 2026, Carrefour prévoit ainsi une réduction des assortiments de 20 % sur l’alimentaire. Les industriels, eux, ont tendance à concentrer leurs innovations sur celles qui ont le plus de chance de réussir. Alors qu’avant 2022, le taux de mortalité à un an des innovations alimentaires était de 80 %, les innovations « non essentielles » ne sont aujourd’hui… tout simplement plus lancées ! Les budgets R&D sont également soumis à des réductions de coût. Autre phénomène : les produits milieu de gamme disparaissent. Les industriels privilégient deux positionnements marketing opposés : le low-cost, adapté aux budgets contraints, et le haut de gamme, qui offre de meilleures marges.

 

Vous voulez aussi voter ?

Partagerez-vous le point de vue de notre jury ? Élirez-vous les mêmes gagnants ? Pour le savoir, PDM organisera un vote du public en janvier, sur son compte LinkedIn Produits de la mer et son site www.pdm-seafoodmag.com. Alors restez connectés ! Votre verdict sera à découvrir dans le numéro 223 de PDM.

 

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