Le début de saison de la coquille Saint-Jacques, en baie de Seine comme en baie de Saint-Brieuc, a été marqué par des ouvertures anticipées des gisements et un freinage du marché en aval.
Le gisement principal de la baie de Saint-Brieuc a été ouvert plus tôt que d’habitude, dès le 6 octobre, « ce qui a cassé la dynamique des prix en début de saison », selon Arnauld Manner, directeur de Normandie Fraîcheur Mer. Avec encore une fois des volumes spectaculaires en Manche-Est comme en Manche-Ouest, la distribution peine à écouler la marchandise en frais – certaines enseignes faisant même des opérations à prix coûtant en invoquant la solidarité de filière – et les stocks des entreprises de surgélation sont encore pleins de coquilles et noix de la saison dernière. « Depuis, le marché est lancé, le consommateur est en face et les prix se tiennent, rassure Arnauld Manner, interrogé par PDM le 6 novembre. La solution, c’est d’avoir des consommateurs réguliers pour écouler les volumes. Sur le surgelé, difficile de connaître exactement l’état des stocks, mais ce qu’il reste peut encore être vendu avant janvier, même si ce sera difficile de casser les prix du surgelé alors que la marchandise et les frais fixes sont chers. » Côté breton, Damien Venzat, DG de Cobrenor, explique dans un e-mail du 24 octobre « qu’il n’y a pas de crise en baie de Saint-Brieuc, mais un contexte économique plus compliqué obligeant à mieux caler les apports avec la demande du marché ».
Si la période des fêtes s’annonce bonne, c’est le mois de janvier qui suscite des inquiétudes « du fait des stocks résiduels dans les frigos et de la crise du pouvoir d’achat. La filière est dans l’expectative. Mais, finalement, c’était peut-être une bonne idée d’ouvrir tôt la baie de Saint-Brieuc pour brader la coquille avant décembre, plutôt que d’avoir trop d’invendus en janvier, s’interroge Arnauld Manner. En date du 6 novembre, des réflexions sont en cours pour fermer la pêche une à deux semaines en baie de Seine début janvier, pour marquer les deux parties de saison et limiter les invendus.
Vers une interprofession ?
Pour limiter les impacts de l’une des baies sur l’autre chaque année, Dimitri Rogoff, président du comité des pêches de Normandie, prône la création d’une « interprofession nationale de la coquille Saint-Jacques, qui est la première espèce de la pêche française, afin d’avoir des outils pour travailler avec la GMS ».
Vincent SCHUMENG