Le bilan est sans appel selon Franck Gardillou, de Kantar Worldpanel : « L’ensemble des protéines animales sont en forte inflation et en forte déconsommation. Les produits de la mer frais sont les plus touchés en termes de volume. » La consommation de produits de la mer toutes catégories confondues s’élève à 670 000 tonnes en cumulé annuel en septembre 2023, contre 710 000 tonnes en septembre 2022 et 763 000 en septembre 2021. Malgré une baisse des volumes de 5,6 % entre septembre 2022 et septembre 2023, la consommation en valeur a augmenté de 0,5 %. Sans surprise, cette croissance s’explique par l’inflation qui compense la déconsommation. Sur les produits aquatiques frais, l’inflation s’est élevée à 5,3 % entre septembre 2022 et septembre 2023, à 10,4 % sur les conserves, à 5,2 % sur le traiteur et à 8 % sur le surgelé. Une inflation moins marquée que sur les viandes, lesquelles souffrent cependant moins de la baisse des volumes.
Sur le poisson frais, la décroissance en volume se poursuit : – 4,8 % entre septembre 2022 et septembre 2023. Les espèces les plus touchées sont les plus chères, à savoir le saumon, le cabillaud et la truite, qui perdent des acheteurs. Kantar Worldpanel souligne également une baisse de consommation chez les seniors, une cible stratégique pour ce rayon. Malgré une progression de l’offre préemballée en parts de marché, ses ventes ne sont dynamiques qu’en circuits de proximité et poissonneries, des canaux de vente qui ne pèsent pas lourd dans les ventes de poissons frais. Le préemballé se vend principalement sur les espèces les plus consommées (saumon, cabillaud, lieu, églefin ou merlan, par exemple). La barquette en libre-service reste un levier de croissance, ou a minima de résistance face au choc de l’inflation. Pour les coquillages frais, la consommation en volume baisse de 10,2 % sur tous les produits, sauf la saint-jacques. Quant au traiteur frais, tous les produits sont en recul, en particulier les crevettes cuites, qui pèsent le plus lourd sur ce segment.
Les ventes de poisson surgelé baissent de 3,6 % en volume mais augmentent de 3,7 % en valeur. Seul le colin d’Alaska reste en croissance, alors que le cabillaud et le saumon pénalisent le plus ce segment. Les foyers jeunes et modestes continuent de mobiliser ce marché, à l’inverse des seniors pourtant grands consommateurs. Les enseignes à dominante marques propres et les drives sont les seuls circuits en croissance. Les fruits de mer surgelés dégringolent de 12,1 % en volume, en particulier les noix de Saint-Jacques et les moules. Les volumes de traiteur surgelé baissent de 9,6 %, surtout pénalisés par les plats préparés à base de poisson.
Les conserves baissent de manière plus importante qu’entre 2022 et 2021. Dans le détail, le thon souffre d’une plus faible quantité achetée par acte, la sardine d’une baisse de recrutement de nouveaux acheteurs et les tartinables voient leur taux de pénétration baisser.
Le traiteur semble avoir atteint un plafond de verre et est en décroissance volume de 4,2 %. Le surimi affiche une baisse de la fréquence d’achat et les plats préparés et les salades perdent des acheteurs. Seuls les seniors continuent à être plus nombreux sur ce segment.
Vincent SCHUMENG