Depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais la pêche ne s’était arrêtée dans le golfe de Gascogne. Les associations ayant saisi le conseil d’État pour demander la suspension des dérogations à la fermeture de la pêche ont obtenu victoire. Rencontre avec Philippe Garcia, président de Défense des milieux aquatiques (DMA).
PDM – Pourquoi avoir attaqué sur la question précise des dauphins ?
P. G. – Ce qu’il faut comprendre, c’est que depuis une ordonnance de 1945 qui règle les relations entre les pêcheurs et l’État, il n’y a pas un millimètre de place pour la société civile et encore moins pour les associations qui protègent l’environnement concernant la production des réglementations de la pêche. Aujourd’hui, tous les indicateurs de la pêche sont dans le rouge. Les associations interviennent au seul endroit où elles le peuvent, c’est-à-dire auprès de la justice.
PDM – Que devrait apporter cette trêve d’un mois ?
P. G. – Un mois ce n’est pas assez, mais c’est mieux que rien. Nous espérons que les effets sur les échouages seront relevés par les scientifiques et montreront que l’on a significativement épargné les dauphins. Ensuite, on nous promet une catastrophe économique, mais les indemnisations promises sont alléchantes et ne tiennent pas compte de l’effet rebond, car les poissons seront nécessairement plus gros et plus nombreux. Une multitude d’études scientifiques ont d’ores et déjà montré que laisser la mer se reposer et se reproduire avec une halte hivernale entraînait des dizaines de millions de tonnes débarquées supplémentaires.
PDM – Pourrait-on réconcilier associations de défense de l’environnement et pêcheurs ?
P. G. – Je rêve de ça. Aujourd’hui, je vis assez mal ce qui se passe. Aucune explication n’est donnée et on nous monte les uns contre les autres. De notre côté, on considère qu’une solution existe. J’espère un consensus régional pour mettre en place un projet pilote qui consiste à éloigner les filets des trois milles nautiques et à dégager les nourriceries et les corridors migratoires. Cette solution, mise en place aux États-Unis depuis plus de 10 ans, a prouvé ses effets bénéfiques, à commencer par la pêche professionnelle. Mais c’est une solution impossible à tester et à mettre en place sans la volonté des pêcheurs eux-mêmes.*
Aurélie CHEYSSIAL
* Interview réalisée début février