Pêche, mareyage, qualité, logistique… Ce lundi 15 avril, à Paris, tous les maillons de la filière ont célébré les 30 ans de la Scapmarée, centrale d’achat s des produits de la mer E.Leclerc, tout en rappelant leurs liens historiques avec l’enseigne.
« Trente ans, ce n’est pas un âge complètement adulte ! » C’est par ces mots que Michel-Édouard Leclerc, patron du premier distributeur français, a ouvert la soirée d’anniversaire de la Scapmarée. Malgré son enthousiasme et son sourire de circonstance, il n’oublie pas de rappeler les défis du secteur : « La pêche est en crise et ne nourrit pas toujours ses hommes, tout en cherchant à nourrir le consommateur. Les métiers doivent être valorisés, mais la France reconnaît mal les métiers de bouche. C’est le rôle de Leclerc, tout en étant à la pointe de la valorisation des produits de la mer et en préservant le pouvoir d’achat des consommateurs. » Michel-Édouard Leclerc indique que 60 % de l’offre marée de l’enseigne sont issus de la Scapmarée, notamment sur le rayon traditionnel qui pèse deux tiers des ventes et progresse de 34 %.
L’histoire de la Scapmarée a commencé loin des côtes bretonnes de la famille Leclerc, mais plutôt sur les rives du Rhin. En 1994, alors que les pêcheurs en colère mettaient le feu au Parlement de Bretagne, à Rennes, trois patrons de magasins Leclerc de l’Est et de région parisienne ressentaient une frustration quant à leurs approvisionnements en produits de la mer, en comparaison à leurs collègues côtiers qui se fournissaient directement en criée. Ils créèrent donc la Scapmarée, d’abord installée à Rungis, qui devint un outil d’achat collectif. « À cette époque, Leclerc allait vers l’hyper, raconte Michel Chaufournais, l’un des trois cofondateurs. Il nous fallait des rayons traditionnels attractifs partout en France. » À cette période, seuls 50 % des magasins Leclerc disposaient d’un rayon poissonnerie traditionnel. « Les débuts ont été très difficiles, complète Jean-Pierre Gontié, autre cofondateur. Nous avions tout à apprendre ! Aujourd’hui, c’est l’outil principal du groupe. » La Scapmarée est ainsi venue compléter l’offre en produits d’import comme le saumon et la crevette, dont dépendaient aussi les magasins côtiers. Mais aujourd’hui, « le sourcing est mondial pour chaque espèce et chaque produit, explique Philippe Lutton, président de la Scapmarée jusqu’en 1998. L’objectif est d’avoir le même prix et la même qualité dans tous les magasins. »
Au-delà de l’histoire de la Scapmarée, ce sont ses liens avec toute la filière qui ont été célébrés lors d’une conférence-débat organisée à Paris, ce 15 avril. « 30 ans de la Scapmarée, c’est 30 ans de liens très forts », exprime ainsi avec émotion Amyne Ismail, des crevettes Unima. De courtes séquences de dialogues ont été organisées autour de chaque maillon de la filière : un rappel des engagements des filières aquacoles, la question épineuse du prix payé au pêcheur par le mareyeur, le défi des caisses marée réutilisables ou encore les indispensables contrôles qualité. Ces liens s’illustrent par exemple au travers des marques distributeurs comme Nos régions ont du talent, qui est « la mise en avant d’un produit issu d’un savoir-faire régional » comme l’explique Bruno Foucard de la Scamark, l’entité de Leclerc qui porte les MDD. Il cite en exemple les huîtres de l’étang de Thau ou encore la noix de Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc.
La soirée fut également l'occasion de signer un contrat de réengagement entre la Scapmarée et France Filière Pêche. Le président de FFP, Frédéric Toulliou, en a profité pour lancer un appel : « La filière a une vraie problématique de baisse des volumes. Tant qu’on ne trouvera pas des solutions pour retrouver du volume, nous ne nous en sortirons pas. »
Vincent SCHUMENG