S’il y a eu trois moulières sauvages exploitées en Seine-Maritime en 2023, c’est dans la Manche qu’une spécialité locale connaît un (léger) renouveau : la « blonde de Barfleur ». Localisée dans cinq moulières de l’Est-Cotentin, cette précieuse sauvage permettait, durant son âge d’or, de faire vivre une soixantaine de bateaux, plus les emplois à terre. Côté tonnage, cela représentait environ 30 000 tonnes par an, puis la ressource a chuté à 10 000 puis à 5 000 tonnes par an après 1995, pour quasiment disparaître il y a une dizaine d’années. « À la grande époque, la licence moules était même plus prisée que celle de la coquille Saint-Jacques, se souvient Maxime Le Grill, chargé de mission environnement sanitaire et bivalves au comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Normandie. Le marché de la moule sauvage était très différent de celui de l’élevage, sans le concurrencer pour autant. » Bien que, depuis, certains navires aient migré vers le pétoncle, le comité des pêches local continue d’effectuer des prospections et, l’année dernière, un gisement de naissain comportant 500 000 individus a été découvert. « Cela n’était pas arrivé depuis quelques années, d’autant que les quantités sont relativement importantes tout en restant minimes par rapport aux mesures des années 1990, continue Maxime Le Grill. Même si la découverte pousse à l’optimisme, il a été décidé de ne pas ouvrir l’espèce à la pêche pour l’instant afin de lui donner une chance, malgré les demandes de certains navires. » Très populaire localement, la moule de Barfleur pourrait donc réapparaître sur les étals d’ici quelques années, avec sa coque plus fine et son goût « très différent », selon Maxime Le Grill. Pas de quoi concurrencer la moule d’élevage pour autant selon le comité des pêches, mais l’idée fait son chemin.
Guy PICHARD