Sophie Larrieu-Meric : « Il faut soutenir les structures de mareyage. »

Le 11/07/2024 à 10:02 par La rédaction

Sophie Larrieu-Meric partage avec PDM sa vision des enjeux économiques, stratégiques et humains de la filière. Elle défend ardemment le travail collectif mené par les interprofessions.

 

PDM – Quel tableau dressez-vous du mareyage actuellement ?

S. L.-M. – Le contexte est difficile. Même si on a passé cette première fermeture (du golfe de Gascogne, NDLR), on se pose mille et une questions. Le mareyage est le parent pauvre de la filière. Les marges y sont très faibles et les défis nombreux : baisse de volumes significative liée au PAI Brexit (86 bateaux partis à la casse), mises en conformité, changements de génération, hausse des prix du transport, concurrence étrangère parfois déloyale, éventuelle renégociation Brexit en 2026… Il faut soutenir, socialement et économiquement, les structures de mareyage pour qu’elles puissent vivre et non survivre.

 

PDM – Comment ?

S. L.-M. – L’UMF mène différents travaux et compte sur le soutien de l’État dans le cadre d’un système assurantiel. Cela permettrait la transition entre les aides de l’Europe – comme celles liées au plan cétacés – et le mareyage.

 

PDM – Le maillon est encore mal connu…

S. L.-M. – C’est vrai, mais la situation s’améliore. Les pouvoirs publics connaissent mieux les intervenants et le sujet du mareyage. C’est rassurant. Par contre, alors que notre métier est très ancien, le maillon reste mal compris du grand public… et de l’amont. Si les mareyeurs connaissent bien le métier de pêcheur, l’inverse n’est toujours pas vrai. On entend encore souvent « mareyeurs voleurs ». Or, le mareyage est le seul garant de la traçabilité du bateau à l’assiette, et cela implique de nombreux coûts : emballages, glace, distribution, première transformation, process qualité, etc. Nous devons aussi expliquer aux pêcheurs l’intérêt d’être transparents. Pour eux, mieux vaut une bonne vente plutôt que des lots qui partent au retrait. Côté mareyeurs, avoir des informations en amont permet de mieux anticiper les ventes.

 

PDM – Vous insistez sur l’importance du travail collectif.

S. L.-M. – Le rôle des interprofessions est essentiel ! Les différents collèges, amont et aval de la filière, se parlent, s’écoutent et comprennent mieux les problématiques des uns et des autres. Ces dernières années ont été porteuses. Cela vaut au niveau national avec les organisations professionnelles (UMF, Opef, FFP, Cipa, CNC…) mais aussi régional avec les associations d’acheteurs (Accapp, Abapp, etc.) afin de créer des interprofessions. Citons Loire Océan Filière Pêche, Breizhmer ou Normandie Fraîcheur Mer. Il ne manque plus que la Nouvelle Aquitaine !

 

PDM – Qu’en est-il du recrutement et de la formation ?

S. L.-M. – Tout le monde manque de main-d’œuvre formée : acheteurs, vendeurs, fileteurs, préparateurs, etc. Il y a un vrai enjeu pour les centres de formation des apprentis (CFA), mais aussi pour développer des formations supérieures de niveau master. Par ailleurs, nos métiers sont souvent décriés. Nous devons nous en faire les ambassadeurs, aller dans les écoles. Au niveau des achats, nous avons besoin de personnes intéressées, qui aillent en criées, connaissent les bateaux, les engins de pêche, profitent de l’expérience des anciens… La problématique de la formation est un vrai levier.

 

 

Une « agricultrice de la mer » multi-casquettes

Sophie Larrieu-Meric a 55 ans et presque autant d’années passées dans les produits de la mer. Une passion familiale : son arrière-grand-mère Gabrielle avait une patente sur le marché des Capucins, à Bordeaux, qu’ont reprise ses parents en 1968. En 2009, Sophie Larrieu-Meric prend la tête de l’entreprise familiale Sobomar (Société Bordelaise Marée). Le 1er mai 2012, elle cède la société au Réseau Le Saint mais reste directrice de Sobomar Atlantique jusqu’en 2020. Depuis trois ans, Sophie Larrieu-Meric est directrice du développement multi-métiers pour le Réseau Le Saint Grand Sud-Ouest et coordinatrice marée pour le réseau Vivalya. Jouant un rôle actif dans plusieurs interprofessions et plusieurs groupes de travail, Sophie Larrieu-Meric est aussi, depuis le 1er décembre 2023, présidente de l’Acaapp (Association centre-atlantique des acheteurs des produits de la pêche).

 

Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

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