Jimmy Torchut : « La traçabilité est le précurseur de la durabilité. »

Le 18/07/2024 à 17:26 par La rédaction

La société Seafood Souq, née aux Émirats arabes unis, promeut la traçabilité des produits de la mer tout au long des chaînes d’approvisionnement mondiales, avec pour objectif d’améliorer l’efficacité et la durabilité de la filière pour tous les acteurs impliqués.

 

PDM – Pourriez-vous nous présenter l’activité de Seafood Souq ?

J. T. – Seafood Souq est une plateforme numérique BtoB implantée sur les cinq continents. Elle met en relation les producteurs et les acheteurs de produits de la mer en se basant sur les données. Notre base de données d’importation et d’exportation permet de comprendre les flux entre 168 pays et de trouver des opportunités commerciales. Notre but est de promouvoir les produits et les projets durables, à différentes échelles. Notre plateforme intégrée se nomme SFS Trade et nos solutions informatiques de traçabilité SFS Trace.

 

PDM – Comment est née l’entreprise ?

J. T. – Seafood Souq est née un peu par hasard, il y a cinq ans. L’ami d’un de nos fondateurs – Sean Dennis –, Fahim Al Qasimi possède une ferme ostréicole dans les Émirats. Ils s’inquiétaient ensemble et depuis longtemps des défis de la commercialisation des produits de la mer. À l’échelle mondiale, 35 % des prises sont gaspillées et ne parviennent pas à l’assiette.

 

PDM – Dubai. Cette localisation peut étonner…

J. T. – Les Français résument souvent les Émirats arabes unis au pétrole et aux influenceurs. Mais Dubai, Abou Dabi et Charjah ont historiquement un lien fort avec la pêche, avec plus de 500 espèces marines présentes dans nos eaux : Dubai et Charjah sont des criées géantes ! Le tourisme est désormais notre principale ressource. D’ailleurs, l’aéroport de Dubai est devenu le plus visité du monde. Cette clientèle est très exigeante et réclame de plus en plus d’informations sur les produits. Les grandes chaînes d’hôtels comme Atlantis et Jumeirah ont désormais un responsable traçabilité directement rattaché au P-DG et développent des notations environnementales grâce aux services SFS Trace.

 

PDM – Comment l’outil contribue-t-il à la traçabilité ?

J. T. – SFS Trace correspond à la partie « audit ». C’est un ensemble de solutions numériques pour fournir une traçabilité de bout en bout à l’industrie des produits de la mer. Concrètement, cela permet de suivre une production grâce à un QR code, depuis le lieu de pêche ou d’élevage jusqu’au point de vente, en passant par le port. On ne peut pas changer ce qu’on ne peut pas mesurer ! Compatible GDST (lire dans PDM no 224, p. 43), SFS Trace permet aux chaînes d’hôtels et restaurants de comprendre leurs approvisionnements, d’évaluer les pratiques des fournisseurs et de prendre des décisions pour garantir un approvisionnement plus responsable et transparent. Au niveau des pêcheries, SFS a développé le Log Book qui intègre les données de capture, la vérification des débarquements et les codes-barres GS1 pour l’exportation vers des géants de la grande distribution européenne comme avec le groupe Mercadona, un projet en collaboration avec ICV Africa, une société leader de pêche à la ligne reconnue en Afrique du Sud.

 

PDM – Qui sont vos clients ?

J. T. – Nous vendons notamment notre système de traçabilité à des chaînes d’hôtels et de restaurants. Cela leur donne accès à un tableau de bord de leurs achats, dans lequel les fournisseurs se voient attribuer un score en fonction de leurs pratiques. Dans les GMS, le consommateur peut scanner un QR code et accéder à une information très complète : origine du produit, date de production, numéro de conteneur… La traçabilité est précurseur de la durabilité. En France, on retrouve des produits tracés par Seafood Souq dans plusieurs enseignes car nous travaillons avec de nombreux importateurs.

 

PDM – Combien coûte ce service ?

J. T. – Pour les fournisseurs, le coût est très faible. Les importateurs incluent la prestation de Seafood Souq dans leur prix de vente aux GMS. Surtout, elle leur permet de se différencier des acteurs qui ne font que du trading. Nous contribuons à la production de valeur dans le système de distribution. En France, nous travaillons avec de grandes enseignes qui importent entre 1 000 et 2 000 conteneurs par an. L’idée est que cela devienne la norme à la source, pour avoir davantage d’impact. Les régulateurs de l’Union européenne prévoient de rendre la traçabilité obligatoire d’ici 2026. Cela crée une opportunité significative pour Seafood Souq.

Propos recueillis par Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

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