Le 4 avril dernier, le Pôle Aquimer organisait une journée d’échanges sur l’impact du changement climatique, afin d’étudier les pistes d’adaptation les plus robustes possible.
Marc Vandeputte, du groupe filière piscicole de l’Inrae, a mis en avant des projets portés par l’institut visant à mettre à l’épreuve les capacités d’adaptation des poissons. Il a ainsi évoqué le projet HypoTemp, qui suit des truites arc-en-ciel confrontées à une hausse de la température et à une baisse du taux d’oxygène afin d’identifier les évolutions génétiques. « Les poissons résistant à une température haute tout en ayant une bonne production ne seront pas forcément résistants à l’hypoxie », alerte le chercheur qui pointe les possibles failles des sélections génétiques. La capacité d’adaptation du bar face au réchauffement des eaux est de son côté étudiée par le projet FishNess, « avec l’avantage d’une étude longue, sur trois ans, avec le suivi individuel de 6 000 poissons », souligne Marc Vandeputte. Le réchauffement des eaux pèse sur la capacité de reproduction et les chercheurs souhaitent étudier les modifications épigénétiques transmises à la descendance.
Il a par la suite listé les solutions d’adaptation n’allant pas à l’encontre des impératifs d’atténuation des gaz à effet de serre, pointant que certains aliments permettent de diminuer jusqu’à 40 % les émissions de gaz à effet de serre associées à la nutrition des truites. Le chercheur est toutefois conscient du défi économique pour les éleveurs. « Une solution d’alimentation des truites existe avec 0 % de soja, 0 % de farine de poisson et des performances équivalentes aux aliments classiques grâce à des microalgues et des protéines de pomme de terre. C’est encore trop coûteux mais la filière des microalgues évolue : il y a 10 ans, on n’aurait pas pu développer cette solution faute de pouvoir acheter 10 kilogrammes de microalgues ! »
Haude-Marie THOMAS