Le 30 août dernier, InnoEnergy et Ikea ont annoncé un investissement de 25 millions de couronnes suédoises (2,2 millions d’euros) dans la société Nordic SeaFarm, producteur suédois d’algues.
L’association Merci les Algues ! – à laquelle Nordic SeaFarm adhère – voit dans cet investissement massif venant de géants industriels une occasion à saisir pour les opérateurs français. « Beaucoup de sociétés cherchent des partenaires pour lever des fonds, abonde Éric Philippe, coprésident de l’association. C’est important de leur montrer que ça marche ailleurs. » Pour Nordic SeaFarm, l’investissement va permettre de poursuivre les efforts de R&D et d’agrandir la surface de culture pour passer de 15 à une centaine d’hectares. « L’accompagnement de cette filière a aussi besoin d’être rendu visible pour les consommateurs, pour aller les chercher sur ces produits », poursuit Éric Philippe. Merci les Algues ! se donne en effet pour mission de fédérer la filière en vue de sa structuration mais aussi de la commercialisation et de la valorisation des produits à base d’algues pour l’ensemble des usages : nutraceutiques, pharmacie, nutrition humaine et animale, bioplastiques…
Pour Éric Philippe, la montée en puissance financière de la filière est aussi à visibiliser auprès de potentiels investisseurs. « Les produits algosourcés peuvent être une alternative à des ressources limitées comme le bois ou le plastique pour des industriels. Il faut aussi leur montrer que la filière algues a des débouchés et continue de progresser. Nous sommes en phase de consolidation pour déclencher les investissements. »
France AgriMer évalue le potentiel des macroalgues
Dans une étude publiée cet été, France AgriMer rappelle qu’en 2021, la production française s’élevait à 86 000 tonnes pour une valeur de 7,1 millions d’euros. Si les algues pêchées représentent 65 % des volumes, elles ne pèsent que 47 % de la valeur. Dans son rapport, France AgriMer liste les différents marchés de la filière : algues alimentaires (produits stabilisés frais, produits élaborés, produits végétariens, restauration, etc.), produits bien-être et beauté (soins, crèmes, parapharmacie, etc.) mais surtout les secteurs industriels des alginates, carraghénanes et agar agar. Si 96 % des Français voient les algues comme un produit sain et durable, les freins à la consommation sont nombreux : méconnaissance, aspect du produit… La restauration asiatique tire son épingle du jeu, ainsi que les produits traiteur type tartinables.
Pour lever ces freins, France AgriMer recommande de poursuivre la communication sur la diversité et les vertus des algues et de travailler sur le positionnement produit comme une source de diversité, d’exotisme et de découverte. Néanmoins, l’étude n’oublie pas de rappeler le manque de volumes disponibles en France pour développer une filière qui repose aujourd’hui beaucoup sur l’import.
L’étude identifie enfin les principaux pays qui se positionnent sur cette filière. La Norvège se distingue comme étant le premier producteur d’algues sauvages du Vieux Continent (entre 150 000 et 180 000 tonnes), principalement des laminaires pour l’extraction d’alginates et la production de farine d’algues pour la nutrition animale. La Corée du Sud fait figure de géant, avec ses 1,85 million de tonnes d’algues de culture, soit 77 % des volumes et 62 % des surfaces aquacoles du pays. Le secteur est également tiré par la poussée de celui de l’ormeau, qui s’en nourrit.
Sensalg ouvre une nouvelle session de formation
En novembre, Sensalg ouvrira un nouveau cycle de formation. L’organisme se charge de former les industriels et les transformateurs engagés dans le secteur des algues sur des thématiques variées : R&D et qualité, tendance de consommation, propriétés des produits, sourcing… Cette fois, la formation se décline sur cinq semaines, à raison de une à deux heures par semaine, et porte sur la perception du consommateur, les qualités sensorielles et nutritionnelles des algues, la réglementation, les procédés de transformation et la mise en œuvre dans les produits finis.
Vincent SCHUMENG