Un accord de libre-échange est en cours de négociation entre l’Union européenne et la Thaïlande. Dans un courrier conjoint, Europêche, l’Union des armateurs à la pêche de France et Orthongel demandent à la direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture l’exclusion du thon de l’accord. « Nous demandons à ce que le thon thaïlandais soit reconnu comme produit sensible », explique Anne-France Mattlet, directrice du groupe thon d’Europêche. Dans leur communiqué de presse, les trois organisations mettent en cause des « pratiques douteuses en termes de durabilité et de conformité sanitaire » des conserves de thon produites en Thaïlande, du fait de l’importation de matière première venant de pays à risques (Micronésie, Kiribati, Nauru…). Est aussi mis en avant le fait que la Thaïlande « n’a pas ratifié plusieurs conventions internationales relatives aux droits humains et au travail ». Selon Anne-France Mattlet, l’UE importe aujourd’hui 10 000 tonnes de produits thoniers de Thaïlande, qui en produit 470 000. « Si les droits de douane, aujourd’hui de 24 %, venaient à disparaître dans le cadre de cet accord, il y a un risque de déferlement de marchandises alors que la flotte européenne est en difficulté », alerte Anne-France Mattlet. Du fait d’un différentiel de prix, le communiqué souligne qu’une « concurrence déloyale […] menace la viabilité de la pêche thonière européenne ». Anne-France Mattlet affirme que les conserveurs européens sont également contre cet accord.
En la matière, deux précédents servent d’exemple à Europêche. L’accord avec le Viêtnam a vu les importations de thon de ce pays augmenter. « Nous avons constaté des cas de problèmes sanitaires avec cette origine », selon Anne-France Mattlet. En revanche, en l’état actuel des négociations, le thon est exclu de l’accord UE-Mercosur. Sur l’application de clauses miroirs, elle se montre sceptique : « Si c’est pour abaisser les standards européens, je suis contre. Mais si c’est pour élever les standards thaïlandais au niveau européen, nous y sommes favorables. »
Dans ces échanges avec les représentants de la GMS, Anne-France Mattlet ressent « une appétence pour des produits durables, sans doute en lien avec l’application en 2026 de la directive devoir de vigilance », qui va obliger à plus de transparence sur l’origine des produits. « Mais le prix reste un facteur déterminant pour le consommateur. La pêche est dans un moment difficile, nous invitions les consommateurs à prendre en compte les standards et à être attentifs à l’origine. »
Dans ce cadre, la Commission européenne et les États membres ont été sollicités par Europêche et les représentants des filières nationales. Un prochain round de négociations est prévu au cours de la deuxième quinzaine de mars.
Vincent SCHUMENG