Le crabe bleu corse face à la concurrence étrangère

Le 24/02/2025 à 11:49 par La rédaction

Le crabe bleu met à mal la pêche lagunaire en Corse. Si les pêcheurs sont aidés face à cette espèce invasive, sa vente reste à la marge. En cause, la concurrence étrangère.

La pêche traditionnelle dans les étangs de la côte orientale de Corse est quasiment à l’arrêt. En cause, le crabe bleu qui a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Des aides arrivent, soit d’origine privée comme le don de nasses par l’association Biodiv’Corsica, soit publiques avec le versement de 250 000 euros sur cinq ans par la collectivité de Corse. Le but est que les pêcheurs reprennent leur activité tout en diminuant la population de ce crabe américain, l’éradiquer étant impossible. « Il s’agit de contrôler la population de crabe bleu tout en maintenant l’activité et en protégeant la biodiversité », déclare Marie Garrido de l’Office de l’environnement de la Corse. Mais se pose la question de la commercialisation de ce crabe, sachant que les pêcheurs s’opposent à toute idée de filière. « La commercialisation ne peut s’opérer que sur le temps de la mise sous contrôle de la population. D’autre part, plus le circuit sera court, mieux ce sera. Selon une étude, la vente directe serait à 8 euros/kg, alors qu’on passerait à 12 euros/kg via un mareyeur », observe Marie Garrido.

Les prix annoncés sont cependant loin de ceux pratiqués en Tunisie. Une véritable filière est en effet instaurée là-bas, avec un prix autour de 2,50 à 3 euros/kg une fois transformé. En Espagne, la filière est déclinante car les prix ont chuté alors que l’État a instauré une licence spécifique pour les pêcheurs professionnels. Sortis d’usine une fois décortiqués, les crabes (exclusivement des mâles) sont à 1,20 euro/kg, contre 4 euros en criée. En Corse, quelques tentatives de vente et de valorisation émergent de la part de restaurateurs qui mettent le crabe bleu à leur carte. Une grande surface d’Ajaccio l’a également mis sur son étal à environ 10 euros/kg. Mais ces solutions n’engendrent qu’un volume de vente marginal. La compagnie de ferries Corsica Linea projette également d’utiliser la chair de crabe mais il faut trouver un moyen technique pour décortiquer une certaine quantité et la chair perd de son attrait à la congélation.

Pour l’heure, l’Union européenne n’a pas encore légiféré sur le crabe bleu. Des discussions sont en cours pour classer l’espèce en niveau 2, comme c’est le cas pour l’écrevisse de Louisiane, ce qui interdirait son commerce et son transport, sauf dérogation par arrêté préfectoral. « Cela aura des conséquences à la fois sur la commercialisation mais aussi sur la pêche récréative qui contribue à diminuer le stock », s’alarme Marie Garrido.

 

Alain LEPIGEON

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