L’Ifsea a organisé en novembre la première édition de ses journées scientifiques, avec pour thème la durabilité de la filière des produits de la mer. L’occasion pour l’école universitaire de Boulogne-sur-Mer de mettre en avant la capacité de résilience de la filière.
La filière a énormément changé depuis 2020. Cela montre sa capacité à s’adapter », témoigne Sylvain Pruvost, vice-président d’Agromousquetaires Intermarché, en charge des pôles alimentaires après avoir géré celui des produits de la mer. Devant les étudiants, les professionnels ont défini, lors de tables rondes, quelquesuns des enjeux auxquels la filière doit faire face. Si la durabilité de la ressource – sur laquelle Clara Ulrich (Ifremer) a fait le point pour les stocks de Manche et de la mer du Nord – est considérée comme un prérequis, la capacité des professionnels à gérer et anticiper les crises est vite apparue comme un levier majeur d’avenir. « La crise sanitaire a vu la montée en charge de la barquette. Depuis, le libre-service connaît un développement exponentiel et répond à des attentes fortes : protection physique du produit, pas d’odeurs, un prix et une date limite de consommation clairement affichés… Plus tard, l’inflation a imposé des arbitrages à nos clients… Mais comme la viande bovine augmente également, la protéine “produits de la mer” redevient compétitive. Le rayon traditionnel n’est pas à négliger : c’est là où il faut des volumes, des promotions, des espèces d’appel comme le saumon ou la coquille Saint-Jacques. Sans ça, pas d’achats dans le reste du rayon », souligne-t-il. Pour Philippe Fromantin, la durabilité se cultive avec « qualité » et tradition. Mais le vice-président de JC David relève aussi l’adaptabilité des process, dans le calendrier par exemple si les harengs passent plus tard qu’habituellement au large de Boulogne-sur-Mer. « Il faut aussi préparer l’avenir en testant de nouvelles espèces », complète-t-il, illustrant son propos avec les essais en cours sur la vive. Pour Aymeric Chrzan, secrétaire général du Syndicat des mareyeurs, l’avenir passe par la mécanisation. « Pour une meilleure durabilité de la ressource et de la filière, il faut consommer des espèces qui ne sont pas en danger. Encore faudrait-il que les consommateurs sachent les préparer et les manger. Il y a un énorme chantier d’éducation devant nous », conclut-il. Et sans doute de vastes sujets sur lesquels plancher pour les étudiants…
Marielle MARIE