Covid-19 et produits de la mer : la psychose chinoise

Le 17/06/2020 à 18:06 par La Rédaction

 

La réapparition du coronavirus à Xinfadi, un marché de gros à Pékin, jeudi dernier, bouscule sérieusement le marché des produits de la mer en Chine. Rien n’est encore totalement clair. Mais le fait que les autorités sanitaires de Pékin et les médias aient évoqué dans la chaîne de transmission du virus une « planche à découper du saumon importé » semble avoir, entre principe de précaution et psychose, amené les distributeurs et les consommateurs à jeter un regard suspicieux sur les produits alimentaires et ceux de la mer en particulier.

Depuis, de nombreuses informations circulent sans être totalement confirmées. Ainsi, la Chine aurait freiné les expéditions de saumon en provenance d’Europe, mais un porte-parole de la Commission européenne a déclaré « qu'il n'y a pas d'interdiction formelle ou de restriction à l'importation en place ». Saumon et produits de la mer auraient néanmoins été retirés des rayons chinois et les contrôles sanitaires ont été renforcés pour les produits frais en entrée du pays. Retardant d’autant la logistique de livraison.

Du côté de la Norvège, des professionnels indiquent qu’effectivement, ils ont stoppé leur envoi de saumon vers la Chine et attendent une clarification de la situation. En parallèle d’experts ou d’agences de promotion, ils rappellent néanmoins qu’il n’existe aucune preuve de la transmission du Covid-19 par le biais d’animaux aquatiques. Et au cours d’une conférence de presse le mardi 16 juin, le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies indiquait qu’il « n'avait aucune preuve suggérant que le saumon est l'hôte ou l'hôte intermédiaire du coronavirus ».

Le coup semble néanmoins parti : dans l’après-midi du 17, FranceAgriMer informait ainsi les professionnels français que la Chine bloquait l’entrée des produits de la pêche sur son territoire pour cause de risque Covid… « Une décision tout à fait arbitraire et sans fondement scientifique » pour Alexandre Bonneau, secrétaire général du SNCE.

Sans doute : mais on pourra appréhender dans les jours qui viennent les effets chiffrés sur ce marché, particulièrement pour les géants internationaux du saumon qui se satisfaisaient de sa reprise, quand celui de l’Europe se réduisait.

La France figure avant tout dans la liste des importateurs depuis la Chine, pour 46 377 tonnes et 197,2 millions d’euros en 2019 (colin d’Alaska, cabillaud, saumon et lieu noir en tête). Excepté pour les huîtres, qui représentent l’essentiel des 3 067 tonnes (23,9 M€) d’exportation.

Dominique GUILLOT

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