Ce vendredi 13 octobre, les deux chalutiers de Castletownbere ont terminé en beauté leur saison, avec une belle débarque de germon au Rosmeur. Avec une fréquentation irlandaise soutenue cet été, José Salaün, le chef de criée du port de Douarnenez, est satisfait de cette campagne de thon. Sous la halle, il est au côté de son personnel, mobilisé par ce nouveau coup de feu.
Deux jours plus tard, on le croise en grande conversation, en castillan, avec le patron du Pepe Bareiro, un franco-espagnol de 40 m, qui charge des camions galiciens : « Il faut convaincre l’armateur de venir chez nous régulièrement », traduit José, virevoltant entre son bureau sur les quais, la glacière et le slipway.
Lorsqu’il a été nommé crieur ici, en 1991, l’ambiance était plombée. L’ACF, (Armement Coopératif Finistérien), qui avait longtemps porté le port, est liquidé. Seuls quatre chalutiers semi-industriels sont récupérés par le nouvel armement SCAD, qui disparaît à son tour en 1997. Le géographe Jean-René Couliou parle même « d’un port breton sous le signe de la déchéance » en 1998 : de près de 25 000 tonnes aux débuts des années quatre-vingt, les apports en criée sombrent à 1 500 en 2002.
En 2003, José avait 42 ans lorsqu’il a succédé à Jacky Olivier qui disait, à propos de sa fonction de directeur de criée, au Guilvinec, à Lesconil et à Douarnenez, qu’« il faut que le jus de poisson colle aux godasses et aimer les contacts humains ».
A l’arrivée de José, le mouvement de captation de bateaux extérieurs, conjugué à une amélioration des services portuaires, va s’amplifier sous sa houlette et celle de son équipe d’une dizaine d’employés polyvalents. Les sardiniers finistériens, en plein regain, n’hésitent plus, au gré des pêches, à y débarquer. Des chalutiers hauturiers de la Scapêche et de la Houle s’y posent aussi, à l’instar d’un nombre plus important de franco-espagnols. Le port, en eau profonde, ouvert 365 jours par an et 24h/24, a une facilité d’accès unique sur la façade atlantique.
La CCI Métropolitaine Bretagne Ouest, basée à Quimper, employeur de José, a investi massivement dans la mise aux normes du bâtiment, métamorphosé. De 4 500 tonnes en 2007, le volume a bondi à près de 12 000 tonnes en 2016, avec le poisson bleu européen de Mak Froid. José, l’ancien manutentionnaire ou « pokes de la criée » de Concarneau, à ses débuts en 1985, doté d’un BEP commercial et d’un bel enthousiasme, a fort bien accompagné le renouveau des penn sardin.