USA : la pression monte contre la pêche illégale

Le 11/01/2017 à 17:35 par La Rédaction

 

Exiger des importateurs de fournir, dans une base de données nationale, des informations telles que le nom du bateau, son pavillon, son numéro d’immatriculation et de droits de pêche, l’engin de pêche, le nom de l’espèce (nom scientifique, appellation commerciale…), description de produits, date et lieu de première débarque… ressemble fort aux exigences de l’Union européenne lorsqu’elle a créé les certificats de captures. « C’est l’esprit, mais de grandes différences existent entre le système de l’Union européenne et le règlement pris par le gouvernement américain le 9 décembre dernier », indique Stéphane Vrignaud, représentant de la Noaa (National Oceanic and Atmospheric Administration) sur les questions de pêche auprès de l’Union européenne. « La première différence, c’est que les exigences en matière de traçabilité ne concernent que 15 marchés, soit 15 espèces reconnues comme sujettes soit à des pratiques de pêche illégale soit de fraudes, précise-t-il. Ensuite, nous n’avons pas exigé un document d’import spécifique comme le certificat de captures européen. Tout document officiel est recevable lors des contrôles. Enfin, les États-Unis rendent l’importateur responsable de la qualité des produits qu’il fait entrer sur le territoire, à lui de mettre la pression sur le fournisseur. Les conteneurs douteux ne seront peut-être pas bloqués à l’entrée, mais si une fraude est avérée, les sanctions prises à l’encontre de l’importateur sont lourdes, pénales… »

Attendu, ce règlement désiré par l’administration Obama pour lutter contre la pêche illégale et non déclarée crée pourtant la polémique. La NFI (National Fisheries Institute), six grandes sociétés spécialisées dans les produits de la mer et deux associations de transformateurs ont porté plainte auprès de la cour de justice de Washington DC contre ce texte. Objectif : le faire annuler.

Parmi les arguments, la question du coût de cette traçabilité est mise en avant. Tandis que le gouvernement l’estime à 6,5 millions d’euros, les plaignants la chiffrent à plus de 100 millions de dollars par an avec un impact de près d’un milliard pour le secteur. Pour les représentants du secteur, en effet, les efforts de traçabilité renforcés ne devraient toucher que les zones à risque. « Ce sera le cas avec le Trusted Trader program, qui sera bientôt mis en place », répond Stéphane Vrignaud.

La difficulté d’accès à la matière première, comme peuvent le vivre les opérateurs européens, sur des espèces clés comme le thon, le cabillaud, les crevettes…, dans un environnement très concurrentiel à l’achat, est probablement ce que craignent le plus les importateurs et les transformateurs américains. « Il est clair que ce n’est pas simple à court terme, mais cela le sera à long terme », insiste, convaincu, Stéphane Vrignaud, qui sait que l’année 2017 sera consacrée à expliquer la mesure et son bien-fondé. Les attentes consommateurs sont là.

Céline ASTRUC

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