Après trois semaines de fermeture à cause d’une efflorescence d’alexandrium, un microplancton toxique, la vente de coquillages de Thau a pu reprendre le 10 novembre. « J’ai perdu 30 % de mes belles commandes parisiennes, se désole Raphaël Decavèle, qui avec Octhau commercialise des produits haut de gamme. Je regrette que la communication institutionnelle soit systématique pour les fermetures en Méditerranée, alors qu’il n’y a rien sur les fermetures en Atlantique. » Selon son expérience, le moindre buzz sur internet dévalorise immédiatement tout le travail de qualité et de valorisation du produit.
Les ventes ont été suspendues le 20 octobre en raison d’un taux légèrement supérieur à la norme de toxines PSP dans la chair des moules. Les cellules de phytoplancton étaient en baisse la semaine suivante, mais le test fait avec des souris a été positif pour les huîtres. « Le test souris est très contraignant, juge Philippe Ortin, le président du Comité régional conchylicole de Méditerranée. Les souris ne sont livrées qu’une fois par semaine, on ne peut pas anticiper, ni reproduire le test rapidement… Les scientifiques disent que le test chimique n’est pas tout à fait fiable. Or, les autres pays européens ne procèdent plus qu’avec ce dernier, ce qui permet une réouverture plus rapide. »
Selon Raphaël Decavèle, cette fermeture va avoir un impact économique important. « En termes de réputation, nous avons perdu beaucoup, regrette-t-il. Les informations ont circulé vite jusqu’à Bruxelles, où certains de mes contacts se sont fait prendre à partie par des clients ! Ça va être compliqué de rattraper les marchés en développement, alors qu’on a des qualités de production excellentes et un terroir qui a fait des progrès gustatifs magnifiques. »
Hélène SCHEFFER