Malgré une hausse de la demande mondiale,
la production norvégienne de saumon
ne peut que stagner en 2017. Les tonnages limités
par les autorités visent à contrôler les risques
de développement de poux de mer.
[ 3 tendances ] ◗ Davantage de fermes certifiées ◗ Développement ◗ 1 % de bio |
Fjords aux eaux cristallines, grands espaces et côtes sauvages, la Norvège offre un royaume sur mesure au salmo salar. Chaque année, plus de la moitié de la production mondiale de saumon, soit 1,2 des 2,1 millions de tonnes, sort des quelque mille fermes aquacoles réparties sur le long littoral du royaume scandinave. Alors que la demande mondiale n’a jamais été aussi soutenue, à l’heure où le Chili, numéro deux mondial de la salmoniculture, est affaibli par les blooms de micro-algues dévastant ses parcs, la Norvège domine plus que jamais le marché de l’or rose. Et les efforts se poursuivent, notamment sur le front de l’alimentation des saumons. Désormais, 70 % des matières premières utilisées dans les fermes norvégiennes sont d’origine végétale. « Les efforts de R & D ont permis de réduire la quantité de farines et d’huile de poisson sans mettre en péril le bien-être et la qualité du saumon », souligne Ingvild Eide Graff de l’Institut national de la recherche sur la nutrition et produits de la mer (Nife). Dans les années 1990, farines et huile de poisson représentaient près de 90 % de l’alimentation. Pour limiter les coûts de production, comme pour limiter l’impact environnemental, l’industrie aquacole n’a eu de cesse de limiter cette part. Dans le saumon, « elle est descendue à 30 %. Un niveau suffisant pour assurer les bons niveaux d’oméga 3 et d’acides gras (EPA et DHA) », rassure la spécialiste, alors qu’une étude de l’Université de Stirling fait débat au Royaume-Uni : en dix ans, le niveau d’oméga 3 dans le saumon d’élevage a été divisé par deux. Pour lutter contre les poux de mer, des investissements massifs ont été consentis et les méthodes biologiques – élevage de poissons nettoyeurs, comme la vieille et le lompe – se développent, entraînant un surcoût de production de l’ordre de 550 millions d’euros. Pour l’heure, la Norvège n’envisage donc pas d’élever sa production en 2017 quitte à laisser libre cours à la spéculation sur son produit phare à l’exportation. Et les pisciculteurs ne mettent pas la pression pour que cela change. Pour bouger et investir, ils attendent d’en savoir plus sur le nouveau système de régulation de la salmoniculture que prépare leur gouvernement. Jean-Marie LEGAUD |