La légine est un poisson mythique… qui se déguste quasi exclusivement dans les restaurants huppés de Tokyo, Shanghai ou New-York. Pêchée par des palangriers français, congelée bord, elle est difficile à trouver en France. Pour la faire déguster à sa table, Tony Lestienne, le chef étoilé, a noué, pour se ravitailler, un partenariat avec Cap Bourbon (groupe Le Garrec) qui exploite le palangrier Cap-Horn I du côté des Quarantièmes Rugissants.
Pour l’armateur, Jean-Pierre Kinoo, les « qualités exceptionnelles du poisson proviennent de son adaptation à des mers froides. Son sang contient une protéine antigel. Dépourvu de vessie natatoire, il assure sa flottabilité en produisant beaucoup d'huile. L'analyse nutritionnelle révèle une base sur laquelle le cuisinier peut délivrer tout son art. »
Longtemps la légine a attiré les pirates, menaçant l’espèce. Face à la menace, la pêcherie s’est engagée dans moult efforts pour être pérenne, protéger l’espèce qui fait l’objet de toutes les attentions : évaluation scientifique de la ressource, octroi de quotas très limités à de rares bateaux, utilisation exclusive de palangres adaptées, surveillance pour éviter toute pêche illicite, observateur assermenté à bord, suivi statistique quotidien des captures. La certification MSC est venue récompenser les efforts des équipages des sept navires français – seuls humains vivant à moins de 3 000 kilomètres du lieu de pêche de la légine australe hameçonnée à 1 200 mètres de fond.
Et l’armateur poursuit ses efforts, le palangrier en cours construction pour remplacer celui qui officie aujourd’hui sera le premier à être équipé d’une rampe arrière dissimulée à la vue des oiseaux marins pour supprimer toute mortalité aviaire.
Benoît LOBEZ