Audrey Klein, secrétaire générale de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (Cipel), estime qu’il « faudrait tendre à des concentrations plus faibles ». Cet organisme franco-suisse chargé de la surveillance de la qualité de l’eau a fixé pour 2020, un objectif de 15 µg/L contre 19 µg/L aujourd’hui. Comme le souligne Orlane Anneville, chargée des évolutions des communautés pélagiques à l’INRA, le contexte du lac permet d’intervenir plus facilement sur les problématiques environnementales et de « gérer les communautés piscicoles ».
De son côté, Michael Dumaz, qui préside le secteur Léman de l’association interdépartementale des pêcheurs professionnels, n’est pas favorable à une diminution trop extrême de ces taux. Car il juge la situation actuelle équilibrée, en particulier pour la féra. Car le phosphore contribue à la croissance du phytoplancton, maillon important de la chaîne alimentaire pour certaines espèces. Si la perche apprécie des eaux à teneur élevée en phosphore, d’autres comme l’omble chevalier, préfère des concentrations plus faibles.
Concernant les stocks de poissons, les chercheurs expliquent le poids de la féra (on en pêchait 50 tonnes à la fin des années 1970) par le réchauffement climatique qui favoriserait les conditions de reproduction de l’espèce. Mais également par les modifications de teneur en phosphore (ré-oligotrophisation) qui seraient aussi responsables de l’augmentation de la population de brochet, à la fin des années 1990, et en stagnation depuis 2000. À l’inverse, ce même phénomène pourrait expliquer la diminution des captures de perches.
Thibault QUARTIER
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Le lac Léman :
- Superficie : 582 km2
- Longueur : 72,3 km
- Largeur : 13 km au plus large
- Profondeur maximale : 309,7 mètres
- Rives : 167 km, dont 114 km en Suisse et 53 km en France
Principales espèces :
- Féra (ou corégone)
- Omble chevalier
- Perche
- Truite lacustre
- Brochet
- Lotte
- Écrevisse
- Gardon
- Ablette