Tempêtes, pluies diluviennes, vents dépassant les 100 km/h etc… depuis la mi-décembre côtiers et même hauturiers ont limité les sorties, trop dangereuses. En témoignent, malheureusement, les naufrages qui ont eu lieu. Tandis que le Comité national des pêches maritimes évoque « une situation économique difficile » pour les pêcheurs et les armements, dont la baisse d’activité a pu être estimée à 40 % dans le Nord pas de Calais, le président des pêcheurs breton réclame une aide d’urgence…
Mais il n’est pas le seul.
Les mareyeurs
L’union du mareyage français souligne ainsi que « beaucoup de ses membres ont vu leur trésorerie fondre, bloquées par des charges d’exploitation toujours plus élevées ». C’est particulièrement vrai en Bretagne. Selon la note de conjoncture de FranceAgriMer pour la semaine du 10 au 14 février, « l’activité de filetage pâtit du manque de matière première ». Un manque que les importations ne compensent pas toujours. Pire, les cours des dos de cabillauds norvégiens, toujours abondants viennent faire une concurrence sévère aux produits des côtes françaises, particulièrement chers, en cette période d’intempérie.
Ainsi sur Rungis, les prix au kilo du filet de cabillaud français, de 200 à 300 g, ont chuté de 20 % par rapport à la même période l’an passé. Son cours en cette 7e semaine de l’année s’affichait à 7,58 €. Les tarifs du bar de chalut d’un à 2 kg flirtaient avec les 15,50 € le kg soit 48 % de plus que l’an passé.
L’Union du mareyage réclame donc des mesures d’accompagnement, et insiste pour que l’écotaxe disparaisse et ne soit pas simplement décalée.
Les poissonniers
Dernier maillon de la chaîne, les poissonniers par la voix de l’Union nationale de la Poissonnerie Française sollicitent eux aussi « des dédommagements financiers et des étalements de paiements auprès des différents acteurs politiques ». La pénurie de produits a fait grimper les prix des poissons, coquillages et crustacés… Ces derniers ont fait fuir les clients qui se seraient reportés vers les promotions des grandes surfaces sur des espèces d’élevage. De janvier à mi-février, selon les régions, la perte de chiffre d’affaires évaluée dans les poissonneries traditionnelles serait de 40 à 60 %. Cela dit, semaine 7, selon la note de conjoncture de FranceAgriMer, « les espèces de la marée fine, les coquillages et les crustacés se commercialisent sans difficultés vers une clientèle de luxe. »
Pour l’heure le gouvernement propose surtout un étalement des charges sociales chez les pêcheurs impactés et en appelle à l’Europe. Prudent, il évite de s’avancer, comme le rappelle notre confrère le marin dans sa Une du 20 février 2014, sur le dispositif du fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, le fameux Feamp, comme le propose Alain Cadec, député européen. Tout n’ayant pas encore été validé par Bruxelles.
Et le retour d'un temps plus clément ne fait pas fuir les menaces qui pèsent sur la filière. Il y a urgence à agir pour éviter une course folle aux captures. Déjà, le 19 février, l'abondance trop soudaine de lieu jaune à la criée d'Audierne aura fait chuter les cours au niveau des prix de retrait. Des cours qui ne vont pas renflouer les trésoreries... Sans compter que les invendus, en hausse, pénalisent tout le monde. Un risque que dénonçait déjà l'UMF le 14 février.
C.ASTRUC