Malmené par la crise depuis 2008, l’Espagne demeure, malgré des chiffres à la baisse, un acteur de poids dans le secteur des produits de la mer, aux titres de producteur, transformateur, exportateur et consommateur.
Pescanova : un symbole ?
Entré en fanfare dans l’année 2012 avec un chiffre d’affaires de 1,66 milliard d’euros (+ 6,3 % par rapport à 2010), Pescanova, second groupe européen de transformation de produits de la mer, voit sa cotation en bourse interrompue en mars 2013. Selon la commission de surveillance, la dette du groupe atteint alors 2 à 2,5 milliards d’euros. Employant plus de 10 500 personnes, présent dans une vingtaine de pays, Pescanova arme plus de 130 navires (FischCo) et exploite près de 50 sites aquacoles dans le monde (Promarisco - crevettes d’Équateur, Acuinova Chile - aquaculture de saumon au Chili). En France, il dispose d’une filiale de distribution (Calvados) et a racheté la Krustanord (crevettes congelées) en 2006. L’un des actionnaires, le groupe Damm, a pris en septembre le contrôle du conseil d’administration et installé l’un de ses représentants, Juan Manuel Urgoiti, à la présidence à la place de Manuel Fernandes de Sousa, poussé à la démission. Le passif total serait en fait de 3,6 milliards d’euros selon un audit réalisé par KPMG. Et Pescanova a clôturé les sept premiers mois de l’année 2013 avec un chiffre d'affaires en baisse de 700 millions d’euros. Pourtant, si la période de Noël est semblable aux données historiques de l’entreprise, les ventes à la fin de l’année pourraient avoisiner les 1,4 milliard d'euros. Et la chaîne de supermarchés Mercadona, fidèle cliente avec environ 200 millions d’achats annuels, étudie de près une entrée forte au capital. Éclaircie en vue ?
Des chiffres encourageants ?
Cinq ans après le début de la crise et l’éclatement de la bulle immobilière, une douloureuse austérité permet à l’Espagne de retrouver un peu de compétitivité. Le chômage s’est envolé (26 %), mais le pays espère 0,5 % de croissance en 2014. L’Espagne assure toujours 5 % des parts de marché mondial dans l’exportation des produits de la mer. Avec 10 678 navires, le pays demeure le troisième producteur de l’Union européenne (derrière l’Italie et la Grèce) et le principal employeur du secteur avec 36 000 marins. En 2011, pêche et aquaculture représentaient des apports de 1 029 291 t (soit 16,16 % de la production de l’UE). Principales espèces : thon, poissons bleus et moules. Cette même année, l’Espagne comptait plus de 5 000 établissements aquacoles, et la production a crû de 5,6 % en 2013, selon la FAO. Le secteur de la transformation compte 667 entreprises et génère un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros. En 2011, la production de conserves a enregistré une croissance de 0,1 % par rapport à 2010. Pour 2012, les estimations de l’Anfaco (Association nationale espagnole des fabricants de conserves de poissons, mollusques et crustacés) évoquaient un recul de 3 % en volumes mais une progression de 5,6 % en valeur. Une orientation à la hausse initiée en 2011. Face aux difficultés rencontrées sur le marché espagnol, les opérateurs cherchent à accroître leurs ventes sur les marchés étrangers (Italie, France et Portugal en tête).
Car, effectivement, la crise impacte la consommation de ce pays traditionnellement l’un des plus beaux appétits en Europe en termes de produits de la mer. Les données 2012 du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement confirment la tendance négative : -1,24 % pour l’année, mais -8 % en quatre années. Des chiffres que la France surveille de près sachant que l’Espagne est son second marché, en valeur, d’export de produits de la mer.
D. GUILLOT