Les caisses de langoustines glacées, de filets de cabillaud, d’églefin et de queues de lotte viennent de partir, direction Boulogne, puis les autres villes de France, d’Espagne, d’Italie… Parés de leurs tabliers rouges, Paul et Joe, les frères Watt, s’accordent une pause avec l’équipe de Nordic Shellfish et profitent du soleil qui inonde la cour de l’atelier de marée. À Fraserburgh, sur la côte est-écossaise, ses rayons peuvent être furtifs, même en juillet. Comme les effets du Brexit ? À court terme, la dévaluation de la livre offre une éclaircie financière pour l’entreprise payée en euros. Principal partenaire mareyeur de la société FAO 27, qui a largement contribué à son développement, l’activité de Nordic est en effet tourné vers l’export. Mais demain ?
Comment va évoluer ce marché captif européen, tellement déficitaire en marée fraîche ?
Quelle sera aussi la politique migratoire du Royaume-Uni ? À moyen terme, elle ne sera pas sans incidences pour l’entreprise. Les Écossais natifs comme Shara avec son bandeau rouge, Jane, sa mère, Julie et Jaimie restent majoritaires dans le personnel de Nordic Shellfish, fondé en 2011 par Philip Watt, le père de Paul et Joe, ancien pêcheur, et son frère. Mais les Écossais désireux de travailler dans la marée sont rares. L'entreprise n’a pas hésité à recruter Lina et Sonada, attirées par les 1 200 £ mensuels proposés, soit 4 fois leur salaire en Lituanie.
Dans le voisinage, à Peterhead, les ateliers et usines de poisson sont dépendants d’une main d’œuvre d’Europe de l’Est qui parfois domine leurs effectifs. Côté pêche, les matelots philippins, indiens et africains sont sans doute devenus majoritaires sur les chalutiers écossais, surtout les hauturiers.
Malgré toutes les incertitudes, la famille Watt, à l’étroit, cherche de nouveaux bâtiments. Pour elle, une mer d’opportunités s’ouvre avec le Brexit, elle en est sûre !
Lionel FLAGEUL