Dans son enquête sur les produits à base de poisson, l'association de consommateurs CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) dénonce « des étiquetages trop vagues, voire obscurs », un « flou qui prévaut » sur le contenu des produits, appelant les pouvoirs publics et les professionnels à « travailler à une clarification des règles d’étiquetage ». Philippe Droin, secrétaire général de la CITPPM (Confédération des Industries de Traitement de Produits de la Pêche Maritime), réagit sur ces trois points.
Sur le « flou » des étiquettes
« Légalement, il est prévu que l'étiquette soit conforme à la dénomination du produit. En clair, sur des « croquettes de poisson », le fournisseur peut indiquer uniquement « poisson », ce n'est pas contraire à la réglementation. Sur des « rillettes de saumon », il faut indiquer le pourcentage de saumon.
Et au fond, indiquer l'espèce a souvent un intérêt marketing. Après, il est vrai que l'indication simple de « poisson » permet de varier l'espèce en usine, pour s'adapter aux fluctuations de prix. »
La question de la chair et de la pulpe
« Sur ce que la CLCV appelle un « mélange peu ragoûtant », il y a de la désinformation. Les machines sont là pour séparer les arêtes et la chair, pas les mélanger.
Il y a également quelques oublis gênants sur ce point : sans ces machines, les chutes de découpe seraient jetées. Il faut rappeler l'importance de la valorisation des coproduits, qui est un moyen de préserver la ressource. Si cette valorisation n'existait pas, c'est sans doute là dessus qu'on nous attaquerait. Quant aux photos de l'enquête, ils ont choisi les pires exemples, et surtout en oubliant de rappeler que les préparations de coproduits ne sont pas destinées exclusivement à la consommation humaine, mais aussi au petfood, et mieux aux biotechnologies qui permettent d’extraire des matières actives en cosmétique ou en diététique. »
Défaut de réglementation
« Sous-entendre que les professionnels ne travailleraient pas sur la réglementation est faux. Nous avons à la CITTPM des groupes de travail sur les questions de définition et d'étiquetage. La commission AFNOR V45C « Produits transformés issus de la pêche et de l'aquaculture » y travaille depuis des mois. Nous avons par exemple défini la notion de chair, qui est le reste après désarêtage, sans peau.
Cette enquête révèle une volonté de faire le buzz, pas de dévoiler toute la vérité. Je reste assez surpris que l'on ne nous ait pas consulté en amont de cette enquête. De plus, il faut garder en tête que l'industrie des produits de la mer est une industrie alimentaire, donc a fortiori très réglementée. »
Propos recueillis par Colin FAY