Colin d'Alaska : guerre surgelée entre la Russie et les États-Unis

Le 20/01/2025 à 10:27 par La rédaction

Avec 3,3 millions de tonnes de captures mondiales, cette espèce est la 2e pêcherie du globe et la 1re destinée à l’alimentation humaine. La Russie (1,9 million de tonnes) et les États-Unis (1,2 million de tonnes) se partagent l’essentiel des volumes.

Leader au rayon surgelés, le colin d’Alaska, à travers ses différentes déclinaisons (pané, naturel, plats cuisinés…), s’est installé dans la consommation courante. En cumul annuel mobile (CAM) à septembre 2024, la baisse de volume du surgelé a été de 1,3 % (contre 3,9 % en CAM P9 2023). Une décroissance amortie par le succès des poissons panés, notamment en bâtonnets (marque leader : Findus, 71,2 % de part de marché), qui voient une progression de 0,9 % des volumes. Le poisson nature reprend du poil de la bête avec une progression de 0,6 % en CAM septembre 2024 (contre – 7,9 % en CAD P9 2024). Les marques de distributeurs et Findus sortent du lot sur le poisson nature et sur le pané, où les MDD sont plus dynamiques et contribuent en premier à la croissance du rayon.

Natacha Brouste, en charge du portefeuille poissons chez Findus, indique que « le colin d’Alaska bénéficie de report de consommation », notamment des consommateurs de cabillaud qui s’en détournent du fait du prix trop élevé de l’espèce. « Mais la tension sur les prix du colin d’Alaska reste préoccupante, en particulier pour les produits MSC dont les quotas de pêche sont en baisse », poursuit-elle.

Autre tension sur le colin : le contexte géopolitique. Les produits russes (transitant ou non par la Chine pour subir une double surgélation) sont les plus abondants en Europe. Mais depuis le 1er janvier 2024, du fait d’une décision de la Commission européenne, un taux de douane de 13,7 % leur est appliqué. « Ce sont les consommateurs européens qui payent cette taxe, commente Pierre Lucas, d’Hudeot. Les Russes baissent leurs prix matière pour l’amortir et rester compétitifs et les Américains en jouent. Alors que la Russie le vend 2,80 dollars, les États-Unis sont à 3,50 dollars. C’est simple, nous ne sommes pas capables de nous passer du colin russe, c’est le produit qui permet au plus grand nombre d’avoir accès à du poisson, notamment en restauration collective. »

 

Vincent SCHUMENG

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