Traiteur et conserves de poisson : le bilan 2023

Le 26/03/2025 à 11:04 par La rédaction

Pierre Commère, délégué général industrie du poisson pour Pact’Alim, dresse pour PDM le bilan 2023 de différentes familles de produits transformés.

 

Anchois salés et anchois marinés

Sur les anchois, la pêche s’est à nouveau présentée dans une situation déficitaire en 2023 dans la principale région de production (Maroc). Par contraste, la demande est restée forte de la part des concurrents aux achats (Espagne) et les sources de substitution n’ont pas toujours été au rendez-vous en termes qualitatifs (Pérou) ou quantitatifs (golfe de Gascogne, Argentine). Côté débouchés, le marché français est stable. Le marché traditionnel des anchois salés reste fortement régionalisé (Sud-Est) et sous forme condimentaire (garnitures de pizzas).

 

Poissons conservés (thon, sardine, maquereau)

Des difficultés d’approvisionnement ont pesé sur les opérateurs. En ce qui concerne le thon, la situation de la pêche est restée difficile dans l’océan Atlantique comme dans l’océan Indien pour les thons qualifiés UE : règles d’origine pour la douane, qualification sanitaire et qualification INN* (certificats de capture). La saison de la sardine du golfe de Gascogne a été écourtée par les tempêtes. La situation des bolincheurs a été moins critique qu’en 2022. Ces bateaux pêchent aussi l’anchois, ce qui les équilibre du point de vue de la pêche mais peut créer une concurrence d’usage pour la fourniture aux conserveries. La sardine du Maroc a connu un déficit de pêche aggravé par un manque de poissons usinables en conserveries du fait d’un appel du marché mondial de la farine. La saison du maquereau frais a été affectée par les tempêtes. Les conserveurs ont par ailleurs pâti des cours extrêmement élevés de l’huile d’olive et d’un manque de main-d’œuvre.

 

Surimi

La production française de surimi est largement dépendante de l’approvisionnement en surimi base d’importation, notamment le surimi de colin d’Alaska des États-Unis. Cette ressource est soumise d’une part à des quotas de pêche et d’autre part à un arbitrage des débarquements entre la production de filets et celle de surimi base. D’où des variations importantes des prix de la matière première, qui déstabilisent les industriels français du surimi. S’y sont ajoutées les difficultés inhérentes au fret maritime et un effet dollar défavorable. La consommation de surimi s’érode d’année en année. L’été 2023, maussade, a en outre pénalisé les ventes de ce produit très météosensible.

 

Saumon et truite fumés

Sur fond de demande mondiale très soutenue, les cours du saumon ont connu des fluctuations extrêmement importantes en 2023 : prix extraordinairement élevés en début d’année, mais une certaine rémission à partir du T2. La matière première représentant 60 à 80 % du coût de production, ce prix très élevé a pesé significativement sur les fumeurs français. Les ajustements de prix des produits finis aux consommateurs, tardifs en période de hausse et rapides en période de baisse, se font au détriment des fabricants. Côté marchés, le niveau élevé des prix consommateurs a influencé la demande. La truite fumée a poursuivi sa croissance. Elle se trouve confrontée à des difficultés d’approvisionnement en matière première du fait du manque de production en élevage en France. Il est nécessaire de recourir partiellement à l’importation de matière première.

 

Crevettes et crustacés cuits

Le marché français de la crevette cuite s’est globalement bien porté en volume en 2023 mais avec des prix très bataillés sur le segment de la crevette P. vannamei entière (+/– 90 % du marché) et une rentabilité très difficile. La valorisation se fait dans différentes directions : l’espèce (P. monodon, sauvage), la labellisation (Label Rouge, ASC, bio), le rayon (vente en LS) ou le produit à valeur ajoutée (décortiquées, traiteur, assaisonnées…). Les approvisionnements ont été dominés par la provenance latino-américaine, Équateur en tête (43 % des importations) mais rejoint par le Venezuela qui se hisse en 2023 à la 2e place avec 25 % des apports (14 % en 2022). Le Venezuela s’est spécialisé dans les petites crevettes à prix doux, qui correspondent à une attente des consommateurs affectés par l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat.

 

Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL

*Pêche illicite, non déclarée et non réglementée

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