Le réseau Aquaexcel lance une troisième édition de son projet destiné à mettre en relation chercheurs et infrastructures européennes dédiées à l’aquaculture.
L'aquaculture fournit désormais environ la oitié des poissons destinés à la consommation humaine dans le monde. La production cherche à répondre à la demande croissante, mais un développement durable du secteur aquacole en Europe ne peut être obtenu qu’en assurant une excellente recherche scientifique et en en traduisant les résultats en innovation et en croissance industrielle. Partant de ce principe, l’Union européenne lance Aquaexcel3.0 (pour AQUAculture infrastructures for EXCELlence in European fish research), troisième volet d’un projet né en 2011.
Semblable aux projets précurseurs Aquaexcel et Aquaexcel2020, Aquaexcel3.0 s’appuie sur un réseau qui rassemble les meilleures infrastructures de recherche en aquaculture en Europe. L’idée consiste en une mise en relation des chercheurs avec une quarantaine de ces infrastructures spécifiques gérées par des instituts, des universités, etc. Bassins, installations de mesures, ressources génétiques… elles autorisent tout type d’expérimentation. « Elles représentent exactement tout ce dont on a besoin pour assurer une recherche de qualité, commente Marc Vandeputte, chercheur en génétique à l’Inrae, coordinateur d’Aquaexcel3.0. Cette ouverture de nos installations à des équipes extérieures représente la moitié de nos 10 millions d’euros de budget. Nous aidons ainsi quelque 200 projets, étalés sur plusieurs jours ou mois. »
Un autre axe de cette politique de l’UE est l’échange international. Les chercheurs doivent en effet opter pour une infrastructure hors de leur pays. « C’est une façon d’utiliser au mieux les outils en servant au maximum la communauté scientifique et surtout de susciter des collaborations, de fluidifier la recherche. »
La qualité est d’ailleurs au cœur de la sélection des projets retenus : « Notre premier critère est l’excellence scientifique, rappelle le coordinateur. Le profil des chercheurs, l’originalité de la thématique, etc. Ensuite, nous prenons en compte les applications potentielles des résultats. Ceci d’autant plus que nous sommes ouverts à des équipes académiques mais aussi à celles issues d’entreprises. Ensuite, notre rôle consiste à stimuler des rencontres avec des investisseurs, à diffuser les découvertes et résultats via des conférences ou webinaires. Nous avons aussi des partenaires qui sont des spécialistes de la dissémination. »
Les projets labellisés Aquaexcel ont déjà permis d’accompagner le développement de capteurs embarqués sur les poissons, de tester des robots de surveillance de cages en mer, de travailler sur la nutrition avec de nouvelles matières premières comme les insectes ou les microalgues. « Pour ce nouveau cycle, nous intégrons des sites spécialisés sur la production de macroalgues, coquillages, vers marins, etc., autant d’organismes intéressants pour les problématiques d’aquaculture multitrophique intégrée, en termes de filtration. »
En amont, Aquaexcel développe le concept de laboratoire numérique : il s’agit de modéliser les outils (poissons, bassins, etc.) afin que les chercheurs qui ont des idées puissent les tester virtuellement et mieux préparer leur projet en termes de ressources. « Nous accompagnons autant les grosses productions, comme la salmoniculture, précise Marc Vandeputte, que des plus confidentielles, en travaillant notamment sur de nouvelles espèces : sandre, esturgeon, perche, thon rouge, sole, etc. Le bien-être animal est actuellement l’un de nos axes de recherche importants. À notre niveau, il s’agit d’améliorer celui de nos poissons d’expérimentation, avec l’idée d’extension vers la filière. Car il est évident que les industriels vont être de plus en plus confrontés à cette thématique. »
Dominique GUILLOT
[Les projets]
Comment candidater ?
Aquaexcel2020 vient de se terminer et Aquaexcel3.0 commence. Il vise, lui aussi, à soutenir un système européen d'innovation en aquaculture, de la recherche fondamentale à la science appliquée.
Le premier appel d’offres devrait être lancé en mars. Il suffit de se connecter au site aquaexcel.eupour prendre connaissance de toutes les installations potentielles offertes. D’en choisir une (dans un autre pays), puis de prendre contact pour monter le projet. Un système de soumission sera disponible en ligne.
Bien que l’Europe puisse paraître parfois exigeante, Aquaexcel tend à simplifier les démarches au maximum. L’appel d’offres sera permanent, avec une date butoir mensuelle afin de ne pas faire face à un flux continu de projets et d’organiser le travail des experts. L’objectif est d’apporter une réponse à la demande de financement dans les trois mois. Il s’agit d’ailleurs plutôt d’une mise à disposition d’une infrastructure que d’un financement direct. Le taux de succès était de 60 % sur Aquaexcel2020.