Le personnel de l’usine Findus de Boulogne, qui fabrique toute la production française de poissons panés ou en sauces de la marque, dont les célèbres Croustibat, est inquiet. En effet, la holding Nomad Food est entrée en discussion exclusive pour acquérir, outre le nom Findus, les activités du groupe en Europe continentale (France, Belgique, Espagne, Scandinavie).
Créé récemment dans les Îles Vierges britanniques et introduit à la bourse de Londres en 2014, le fonds spéculatif Nomad Food est déjà propriétaire d’Iglo, racheté 2,6 milliards de dollars au fonds britannique Permira. Numéro un des surgelés en Europe et numéro deux mondial derrière Nestlé, Iglo, qui possède Findus Italie, est le principal concurrent de Findus, le numéro 1 actuel en France et en Scandinavie.
Les 250 salariés de Boulogne (dont 200 en CDI) craignent un arbitrage en faveur de l’unité d’Iglo à Bremerhaven. « L’usine allemande, qui dispose de capacités démesurées, fabrique chaque année 60 000 tonnes de produits, expliquent les délégués syndicaux Laurent Prévost (CFTC) et Patrick Merlin (CFDT). C’est trois fois plus que la nôtre. »
Fraîchement nommé directeur général de Nomad, Stefan Descheemaeker a rencontré ces derniers à Boulogne. Son fonds doit faire une analyse approfondie de la situation financière de Findus avant de confirmer son offre, préférant ne pas s’engager sur le maintien de la totalité de l’emploi.
Par ailleurs, la direction actuelle de Findus dit ne pas être au courant d’offres d’autres groupes intéressés. Les employés, qui ont multiplié les rendez-vous au plus haut niveau de l’État – le président François Hollande avait visité l’usine en 2012 – ont déposé un droit d’alerte, pour en savoir plus sur les impacts à redouter de cette éventuelle acquisition.
Benoît LOBEZ