Conserves de thon contaminées au mercure : la réponse des industriels à Bloom

Le 30/10/2024 à 12:07 par La rédaction

Le 29 octobre, dans un communiqué largement relayé toute la journée, Bloom annonçait la publication d’une étude menée avec Foodwatch, qui révèle la contamination du thon en boîte au méthylmercure, un dérivé du mercure accumulé tout au long de la chaîne alimentaire marine. Étant un grand prédateur, le thon bioaccumule ce mercure (issu de la pollution terrestre) présent dans ces proies. C’est un phénomène bien connu des médecins, des pêcheries et des industriels. « La question du mercure dans le thon est un sujet que nous connaissons depuis longtemps, nous sommes conscients des risques pour le consommateur », affirme Jean-François Feillet, président de la CITPPM*. Les recommandations de l’Anses vont d’ailleurs dans ce sens, en conseillant une consommation modérée pour les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Il n’existe pas de seuil réglementaire de méthylmercure pour le thon en conserve mais il est de 1 mg/kg pour le thon frais –  0,5 mg/kg étant la règle générale pour les produits aquatiques. Dans son étude, Foodwatch a analysé 148 conserves de thon de cinq pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni). Mais les résultats de l’analyse montrent que 42 % des conserves étudiées ont une teneur en méthylmercure inférieure à 0,3 mg/kg et 64 % inférieur e à 0,5 mg/kg, le seuil général des produits de la mer. Seuls 10 % des conserves analysées dépassent le seuil du thon frais de 1 mg/kg, sans qu’on sache de combien ce seuil est dépassé.

Résultat de l’analyse de Foodwatch : teneur en méthylmercure des 148 conserves analysées.

 

Source : Foodwatch pour Bloom

 

« Nous sommes très étonnés de ces résultats, argumente Jean-François Feillet. Ils ne sont pas cohérents avec les résultats que nous menons dans le cadre de nos plans de contrôle. » Ces plans annuels se divisent en deux volets au sein de la CITPPM : la mise en commun des analyses des entreprises adhérentes par espèce et par zone de pêche et un plan de surveillance des contaminants mené par un laboratoire extérieur. Résultats côté CITTPM : sur 2 700 boîtes analysées, la teneur moyenne en mercure est de 0,2 mg/kg, et seulement quelques unités dépassent le seuil de 1 mg, atteignant au maximum 1,3 mg. Pour expliquer ces incohérences entre les résultats CITTPM et Foodwatch, Jean-François Feillet affirme que « le laboratoire qui a fait les analyses de Bloom n’est pas référencé auprès du Cofrac (Comité français d’accréditation) et pas accrédité pour les analyses de mercure ».

En préambule de la présentation, Bloom précise dans son rapport que le thon en conserve concentre le mercure du fait de la perte en eau lors du process de transformation. « La réglementation prévoit de tenir compte de facteurs de transformation, explique Jean-François Feillet. Mais nous n’avons pas pu conclure sur ce facteur pour le thon en conserve et la DGAL applique le même seuil sur le thon en conserve que le thon frais, ce qui est à notre désavantage. »

Finalement, le sujet est déjà pris en compte par les industriels, avec des résultats conformes à la fois avec la réglementation et avec la santé publique si on compare avec les seuils sur les autres produits de la mer.

Vincent SCHUMENG

*CITPPM : Confédération des industries de traitement des produits des pêches maritimes et de l’aquaculture

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