Coproduits, nouveau filon de la pêche viking

Le 01/08/2016 à 17:17 par La Rédaction

 

À bord du surgélateur Havstrand, l’armement Strand Rederi exploite l’intégralité des captures en poisson blanc vidé décapité (VDK), en farine et en huile. L’huile part ensuite chez Pharma Marine, compagnie productrice de lipides marins. Une partie provient d’huile de cabillaud produite sur le navire usine puis raffinée à terre chez Pharma Marine. Le transformateur exporte ensuite cette ligne d’oméga 3 concentrés sous la marque CodMarine. « L’investissement d’un tel bateau mérite de répartir les coûts en valorisant 100 % des prises. C’est pour nous une précieuse source de matière première de grande qualité pour bâtir une chaîne de valeur du bateau jusqu’au conditionnement en capsule destinée à la consommation humaine » explique Leif Kjetil Gjendemjø, fondateur de Pharma Marine.

Cette coopération entre armateurs et industriels est le fruit du cluster Legasea qui fédère pêcheurs, scientifiques, équipementiers et producteurs d’ingrédients marins de la région Møre. L’objectif du cluster basé à Alesund est de booster la filière industrielle d’ingrédients marins à forte valeur ajoutée pour le bien-être et la santé.

Sur la dizaine de navires qui transforment les coproduits à bord – dont ceux de Havfisk, un des plus gros armements norvégiens –, sept sont membres de Legasea. La nouvelle génération de navires pouvant produire du filet surgelé bord (1), le gisement de matière valorisable s’étoffe. « Les chalutiers surgélateurs rejettent environ 300 000 tonnes de coproduits de poissons blancs à la mer », rappelle Møreforsking, institut de recherche privé associé au cluster. C’est dire les possibilités de développement. Outre la production de longes et filets sans arête découpés au rayon X (Valka), le nouveau chalutier Ramoen (75 mètres) pourra traiter trois tonnes de coproduits à l’heure.

Le travail à bord de cette nouvelle matière première conditionne la qualité et donc le niveau du marché visé : protéines pour l’alimentation humaine plutôt qu’animale, compléments alimentaires en nutraceutique ou actifs santé. Ces trois débouchés pointent le haut de la pyramide de valeur. Directeur technique chez OptimarStette, équipementier maritime, Bjørn Bjørkavag souligne les progrès actuels : « Les nouveaux navires peuvent garder le poisson vivant pendant 6 heures avant le process. L’objectif est d’éviter le stress pour optimiser la qualité de chair et des coproduits. Le poisson est abattu par un choc électrique et saigné immédiatement. Le temps de saignage est lui-même très important. Le sang est ensuite conservé car c’est un bon produit d’ensilage. Les coproduits sont triés et collectés dans des réservoirs spéciaux stockés à l’avant du bateau. Ce soin apporté à la matière première joue directement sur le prix des farines et hydrolysats produits à bord. »

Partenaire de Marine Ingredients, l’armement Nordic Wildfish maintient à bord la température des coproduits recyclés en protéines. L’opérateur peut aussi contrôler l’oxydation des protéines et de l’huile. Sur son chalutier surgélateur Molnes, Nordic Wildfish a investi dans une unité d’hydrolyse enzymatique pour produire un concentré protéique liquide. « C’est une première à bord en poisson blanc. L’investissement est élevé mais il préfigure ce que sera le navire du futur dans nos pêcheries », conclut Anders Bjørnerem, responsable de la R & D dans l’armement.

Bruno VAUDOUR

(1) Avant, les surgélateurs norvégiens n’étaient autorisés à produire que du VDK pour protéger le filetage national à terre, mais la transformation en Chine a fortement pénalisé les fileteurs norvégiens. Aujourd’hui, la Norvège veut relancer sa production de filets.

 

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