Durabilité, « clean label », nouveaux usages, innovation pure (en particulier pour les algues) ou encore praticité sont au cœur du palmarès 2022 des Coups de cœur de l’innovation PDM. Découvrez les gagnants des catégories frais marée libre-service, traiteur de la mer, épicerie et surgelés.
And the winners are… Aperibay, Mytilimer – La Cancalaise, AlgueService – Bord à Bord, Fimco – Parallèles et Zalg ! Cette année, les Coups de cœur de l’innovation PDM vous réservent un palmarès et une sélection de produits finalistes très variés, faisant la part belle à la durabilité (sourcing certifié, souci des origines, packagings responsables) et à certains concepts particulièrement innovants. Les modalités du concours étaient un peu différentes cette année, les produits n’ayant pas pu faire l’objet d’une dégustation. La part du marketing et du positionnement produit a donc eu un poids important.
La rédaction de PDM remercie chaleureusement l’ensemble des entreprises ayant participé au concours, ainsi que les jurés pour leur analyse détaillée et leur enthousiasme à faire partager leurs coups de cœur. Les gagnants se verront prochainement remettre un trophée, en main propre ou par La Poste.
Il est intéressant de noter que les innovations dans le secteur des produits de la mer s’inscrivent dans des tendances plus larges. En amont du Sial 2022, le cahier Sial Insights relève ainsi quatre tendances phares dans l’alimentaire. La première est la santé!: naturalité, recettes simples « clean label », même s’il faut relever que le bio marque le pas. La deuxième est la RSE (responsabilité sociétale des entreprises)!: prise en compte des enjeux de développement durable de l’amont à l’aval, empreinte carbone, emballages réduits ou recyclables, réflexion sur un « Climat-Score » à l’instar du Nutri-Score, etc. La troisième réside dans le plaisir, « dosage subtil entre plaisir des sens et plaisir du sens ». La quatrième tendance correspond à la montée du numérique : accès à l’information produit facilité, développement du e-commerce et de la livraison, etc. De quoi donner toujours plus d’idées pour 2023.
Les critères
La rédaction a présélectionné 20 produits finalistes, 5 pour chacune des 4 catégories : frais marée libre-service, traiteur de la mer, épicerie et surgelés. Ils ont ensuite été évalués à partir de leur fiche produit et de leur photo selon les critères suivants.
Innovation : degré d’innovation du produit dans sa catégorie, bénéfice consommateur, réflexion marketing (prix, packaging, circuit de distribution…), aspect et culinarité.
RSE : réflexion autour de la responsabilité environnementale, sociétale, valorisation de la matière première, démarche interfilière.
Avis d'experts
Émilie Robin, conseillère culinaire spécialisée en industrie agroalimentaire au Centre culinaire conseil
PDM – Quelles sont vos impressions sur les finalistes des Coups de cœur ?
E. R. – Quasiment toutes les recettes sont clean label (sans additifs, conservateurs, etc. NDLR) et c’est un point très appréciable. J’ai beaucoup aimé les produits à base d’algues. On assiste à un virage : l’algue est désormais utilisée comme un aliment à part entière, et non plus saupoudrée à petite dose. Les cubes d’algues sont ainsi particulièrement innovants. Leur visuel est très sympathique, tout comme celui des palourdes farcies. Plusieurs produits modernisent le saumon avec des recettes en gravlax, des aromatisations originales, des plus petites tranches, etc. Cela peut plaire à un public jeune. L’usage du poulpe est intéressant, car il s’agit d’une espèce de plus en plus invasive. En surgelés, les origines lointaines posent la question du bilan carbone.
PDM – Plus généralement, quelles tendances observez-vous sur les produits de la mer ?
E. R. – Il y a quelques années, les tendances traçabilité, origine ou RSE (responsabilité sociétale des entreprises) étaient nettes, surtout sur la viande. Désormais, on les retrouve de manière flagrante sur les produits de la mer. L’utilisation des coproduits se développe : utilisation de chutes de poisson fumé, moules hors taille, etc. Même si les puristes continueront d'acheter des poissons entiers, il est aussi impératif de s’adapter à tous les modes de consommation pour rendre les produits de la mer accessibles à un public plus jeune. La préparation du poisson rebute certains consommateurs. C’est donc très bien de proposer des produits plus simples à consommer! : des boulettes, des acras, des tartinables aux saveurs exotiques, etc. Il existe même des donuts de poisson blanc !
Angeline Pignon, directrice adjointe Pôle Aquimer
PDM – Qu’avez-vous pensé des finalistes 2022 ?
A. P. – Il y a une belle diversité dans les innovations, de l’originalité dans les recettes. Les professionnels se sont emparés des tendances de consommation : la durabilité – avec des packagings responsables, des certifications –, la naturalité des recettes, la praticité, la dimension locale… Ne pas avoir goûté les produits est frustrant mais permet de prêter davantage attention aux dimensions marketing : le packaging, le poids et le prix sont très importants dans l’acte d’achat. À ce titre, je constate que plusieurs produits sont très bien positionnés. Cette année, je remarque aussi le dynamisme des surgelés, alors que la catégorie peine habituellement à innover. Les huîtres crues ou les dés d’algues sont particulièrement originaux.
PDM – Quelles tendances plus générales observez-vous chez Aquimer ?
A. P. – L’inflation, la question des prix mais aussi la transition écologique et le changement climatique sont au cœur des préoccupations d’Aquimer, alors que le renouvellement des labellisations « Pôles de compétitivité » est actuellement en cours (pour la période 2023-2026, NDLR). Au niveau de la filière, les entreprises doivent réussir à dégager des marges, alors que les prix de tous les intrants augmentent. L’aquaculture a été touchée par la sécheresse, on assiste à des migrations d’espèces. En septembre, deux énormes thons rouges ont été pêchés pour la première fois à Boulogne-sur-Mer ! Le modèle économique de l’aquaponie doit être consolidé et exige de la formation. L’aquaculture en circuit fermé (RAS) est une autre piste de développement intéressante. Les entreprises travaillent beaucoup sur la sobriété énergétique, avec des process plus économes en eau, en énergie, la circularité, etc. Les lignes intègrent de plus en plus de numérique, pour augmenter la productivité mais aussi pour automatiser des tâches répétitives. En effet, les problématiques de recrutement et d’attractivité restent importantes. Lors des fêtes 2021, des coquilles Saint-Jacques n’ont pas pu être commercialisées faute de main-d’œuvre pour les transformer… C'est bien sûr regrettable.
Fanny ROUSSELIN-ROUSVOAL