Face aux risques de coupures d’électricité, la filière halieutique s’inquiète.
« Des coupures d’électricité ? On ne peut pas se le permettre, sinon on va tout perdre en même pas une heure. » Patrick Ramet, propriétaire de la société Opale Vivier, a dans ses bassins une marchandise d’une valeur de plus de 15 000 euros. Les possibles « délestages tournants » annoncés par le gouvernement, soit des coupures ciblées et temporaires d’électricité, menacent directement ses tourteaux et ses homards. « Si les pompes qui alimentent les viviers en oxygène s’arrêtent, les animaux vont mourir », déclare-t-il. De son côté, Pascal Bourgain, de la saurisserie Bourgain et Fils, ne cache pas sa déception : « On va couper l’électricité à ceux qui nourrissent les gens ? Ce n’est vraiment pas sérieux. » « Si ça arrivait, ce serait catastrophique ! », ne mâche pas ses mots le mareyeur Stéphane Level. Pour lui, la coupure d’électricité signifie le manque de froid pour la conservation, l’absence de machines pour la découpe et une perte économique allant jusqu’à 100 000 euros. « Imaginez l’impact et le danger que cela peut provoquer ! »
Pour éviter le pire, l’Union du mareyage français (UMF) a été consultée et a fait remonter à la DG AMPA (direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture) des risques et des besoins de sociétés qu’elle représente. Pour le moment, l’UMF affirme être dans « une phase de construction de mesures ».
Dans les Hauts-de-France, le préfet du Pas-de-Calais a sollicité la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du littoral Hauts-de-France pour faire remonter les particularités industrielles des territoires. Celle-ci a insisté sur l’importance de protéger la filière produits de la mer de délestages qui pourraient interrompre la chaîne de production alimentaire. Les entreprises de la zone de Capécure doivent communiquer leur numéro de point de livraison électrique, qui sera transmis à la préfecture pour préservation, en cas de délestage. « Une démarche est engagée, oui, mais on n’a pas de garanties », souligne Aymeric Chrzan, secrétaire général du syndicat des mareyeurs à Boulogne-sur-Mer.
Darianna MYSZKA