L’unité mixte de recherche Amure (Aménagement des usages, des ressources et des espaces marins et littoraux), qui regroupe des chercheurs notamment de l’Ifremer et de l’université de Bretagne occidentale, a mené une série d’études sur l’impact de la crise du Covid sur la filière des produits de la mer. Il en ressort trois enseignements : chute de l’activité de pêche, chute des ventes en criées et hausse de la consommation de poisson frais préemballé.
En 2020, l’activité de pêche a chuté de 10 % en nombre de jours de pêche, de 13 % en volume débarqué et de 12 % en chiffre de ventes en criées. L’année 2021 marque un retour à la normale difficile, encore sous le coup des restrictions et couvre-feux : les prix moyens en criée ont augmenté de 6,1 % par rapport à 2018-2019, mais la production était en berne de 6 % en comparaison avec les années pré-Covid. Une situation particulièrement préoccupante pour les navires de plus de 12 mètres.
Sans surprise, la baisse des ventes en criées est principalement marquée sur le premier confinement, entre mars et mai 2020. Sur ces trois mois, les ventes ont chuté de 30 millions d’euros dans l’ensemble des criées, du fait de la baisse des volumes débarqués avec la fermeture des restaurants.
Qui dit fermeture de la restauration commerciale et collective dit retour dans les rayons de la grande distribution et une hausse des ventes sur l’offre frais préemballé : + 41 % au premier confinement, + 45 % sur le deuxième. Malgré les attentes de la filière, les consommateurs se sont tournés vers les produits d’import davantage que vers les produits de la pêche française, comme l’explique Fabienne Daurès, économiste des ressources marines à l’Ifremer : « Puisque les importations ont été largement restreintes, nous nous attendions à ce que les consommateurs se tournent vers les produits frais français alors en excédent en raison de la fermeture des frontières et adoptent durablement ce mode de consommation plus local. Mais cela ne s’est pas produit ! »
Les chercheurs tirent de cette crise un enseignement partagée par l’ensemble de la filière : la clé de la résilience face aux crise est la collaboration entre les acteurs professionnels, institutionnels et scientifiques. À retenir alors que l’année 2023 s’annonce houleuse…
Vincent SCHUMENG
