Ce lundi 22 janvier commence la période de fermeture pour un mois du golfe de Gascogne dans le cadre du plan de sauvegarde des cétacés, sur décision du Conseil d’État. Les interprofessions de tous les maillons de la filière ont immédiatement tiré la sonnette d’alarme.
L’Union du mareyage français (UMF) chiffre dans un communiqué les pertes pour ces entreprises : 15 000 tonnes et 70 millions d’euros de chiffre d’affaires. De son côté, l’Organisation des poissonniers et écaillers de France (Opef ) précise dans un courrier adressé au Premier ministre, en date du 18 janvier, les pertes sur des espèces emblématiques : 3 000 tonnes sur le merlu (28 % des ventes annuelles sous criée), 1 800 tonnes pour le maquereau (28 %) et 485 tonnes pour la sole (16 %). « Pour beaucoup d’entreprises de mareyage, c’est un coup de massue », alerte Peter Samson, de l’UMF. Pierre-Luc Daubigney, de l’Opef, est encore plus pessimiste : « Après les prix élevés du poisson, la déconsommation et la crise des huîtres à Noël, cette décision est vécue comme un coup de grâce par certaines poissonneries déjà très fragilisées. »
Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu* a annoncé ce vendredi 19 janvier les contours d’un plan d’aide pour le mareyage : une compensation de 75 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) du premier trimestre 2024 par rapport à 2023 notifiée à la Commission européenne et la possibilité d’enclencher du chômage partiel dès aujourd’hui, 22 janvier, pour les entreprises concernées. « Dans ce contexte, c’est un élément positif que l’État prenne en compte l’impact de cette décision sur le mareyage, se réjouit Peter Samson . Concernant la compensation de l’EBE, il y a urgence que ce soit validé à Bruxelles pour payer les charges fixes des entreprises. Mais l’objectif reste de pouvoir travailler et valoriser les ressources du golfe de Gascogne. » Les critères d’éligibilité des entreprises à la compensation de l’EBE restent à fixer, mais Peter Samson mise sur des critères de dépendance des achats aux criées les plus touchées par cette fermeture. Au total, l’UMF chiffre cette compensation de l’EBE à 10 millions d’euros environ.
En revanche, le compte n’y est pas (encore ?) pour les poissonneries. Dans son courrier au Premier ministre, l’Opef demande un dispositif d’indemnisation des pertes économiques, l’activation de l’activité partielle, mais surtout une exonération de charges sur la période. « C’est ce que les poissonneries attendent le plus, affirme Pierre-Luc Daubigney. Nos entreprises veulent un dispositif simple et efficace. Dans ses annonces, Christophe Béchu a parlé de toute la filière, il serait inconcevable que le dernier maillon ne soit pas pris en compte. » Dans une note juridique, l’Opef invoque l’article R.5122-1 du code du Travail, permettant d’activer l’activité partielle pour « toute circonstance de caractère exceptionnel », « mais on souhaite un dispositif similaire à celui du mareyage », appuie Pierre-Luc Daubigney.
La fermeture du golfe concerne 450 navires battant pavillon tricolore et s’étend jusqu’au 20 février.
Vincent SCHUMENG
*À date, en l’absence d’un membre du gouvernement explicitement en charge de la pêche, Christophe Béchu s’est emparé du dossier.